Je précise tout d'abord que la version que j'ai revue est la Director's Cut de 2003, qui est par conséquent un peu allongée par rapport à la version cinéma datant de 25 ans auparavant.
Alien est l'un des rares films que je trouve parfait de bout en bout, car son évolution épouse un parfait crescendo qui le rend palpitant et brillamment rythmé. Le début est très lent, et rappelle à ce compte-là 2001, l'Odyssée de l'Espace, et termine par une angoisse épileptique où chaque seconde, parfois décomptée, devient motif d'impatience et de crainte. Le synopsis accentue la sensation d'un étau qui se resserre doucement, sensation également appuyée par certains plans plus subtils (comme la porte qui se referme sur Dallas en un cercle minuscule).
Cette claustrophobie ambiante est également renforcée par une image particulièrement sombre ainsi qu'un huis clos oppressant : les personnages se retrouvent souvent sans issue, avec des portes qui se referment, et bien que le vaisseau soit immense, on reste dans un lieu clos où la menace se déplace dans l'ombre, et peut agir n'importe où et n'importe quand. Même s'il date de 1979, Alien reste encore aujourd'hui particulièrement oppressant, témoignant de la maîtrise de Ridley Scott à ce niveau-là.
Le scénario d'Alien a également par sa volonté de nous surprendre : au début du film, les personnages sont présentés sur un pied d'égalité, Ripley n'étant absolument pas mise en avant. C'est une façon assez unique de présenter un personnage principal : sur son premier plan, elle est à moitié de dos et ne parle même pas, elle se contente de manger. Notre regard n'est attiré par aucun personnage, et par conséquent on ne sait pas où la menace frappera en premier.
Si le film n'a pas pris une ride, c'est également grâce à ses effets visuels qui, en plus de lui valoir un Oscar, font passer Star Wars pour Plan 9 From Outer Space. Alien aurait également mérité des distinctions concernant la meilleure direction artistique, le meilleur costume ou surtout les meilleurs décors.
Enfin, ce qui rend Alien aussi unique et intemporel, c'est qu'il a réussi à devenir culte en tout point. Le xénomorphe est absolument merveilleux (ce n'est pourtant qu'un costume) et son crâne, sa mâchoire et surtout sa façon d'éclore sont restés gravés dans la culture populaire et on y trouve des références partout. La phrase "Tue-moi" a également beaucoup été reprise par la suite. C'est aussi un des premiers films (à ma connaissance) à utiliser les conduits d'aération comme lieu oppressant et incertain, et depuis, c'est carrément devenu un cliché.
Le 8ème Passager est également, à l'instar du dystopique Blade Runner du même réal, un des meilleurs univers de science-fiction. De plus, si le premier volet reste à mes yeux le meilleur, il a donné naissance à une saga de quatre films ou chacun complète cet univers et explorent des ambiances très différentes. Plus qu'un des meilleurs films d'épouvante et de science-fiction, c'est une des meilleures sagas.