Version Cinéma
Ils sont sept humains à bord du Nostromo, vaisseau spatial voguant tranquillement vers la Terre jusqu'à ce qu'un signal de détresse provenant d'une planète habitée ne les réveille. Alors qu'ils s'y rendent, ils ne devront pas oublier que dans l'espace, personne ne les entendra crier...
Dès le début Ridley Scott nous transporte au côté des protagonistes à bord du Nostromo, les yeux scotchés à l'écran, oubliant tout ce qui nous entoure et que l'on est devant un film. Il nous fait ressentir toutes les émotions par lesquelles passent les membres de l'équipage, commençant par être intrigués avant de peu à peu faire monter la tension avec un cœur palpitant de plus en plus fort et des pics de sueurs froides atteints lorsque le huitième passager nous à rejoint à bord du vaisseau.
Rarement et même jamais un film ne m'aura provoqué autant de frissons que celui-là. La manière dont Scott dirige son récit est brillante. Il prend le temps pour présenter les protagonistes puis mettre en place une atmosphère prenante de bout en bout, toujours sombre et crade, d'abord intrigante puis incroyablement angoissante, claustrophobe, frissonnante et cauchemardesque. Toutes les directions prises par Scott sont ingénieuses, que ce soit dans sa façon de faire monter la tension, de mettre en place l'évolution de l'Alien dans le vaisseau et la façon dont va réagir l'équipage ou encore de jouer avec le suspense de telle manière.
Les membres de l'équipage sont pour la plupart assez crades et surtout Scott montre des parts de faiblesses à chacun d'eux et il met peu à peu en scène le huitième passager, symbole de la perfection et capable de s'adapter à n'importe quel environnement, attendant intelligemment sa proie. Scott laisse beaucoup d’ambiguïté sur le monstre, en expliquant peu à son sujet. Il met en scène la fragilité humaine, ses peurs (notamment celle de l'inconnu), des doutes et sa façon de réagir face au danger mais c'est aussi l'humain avec sa maîtrise de la technologie face à un élément naturel qu'il est incapable de maîtriser et même de comprendre. Seul l'instinct de survie le plus primitif et l'abandon de l'aide technologique peut leur donner une chance.
Que ce soit lorsqu'il nous met dans la peau des protagonistes ou non, Scott montre une brillante maîtrise derrière la caméra. Chaque plan et mouvement sont savamment pensés, que ce soit ses plans séquences permettant une immersion totale ou ceux de l'Alien qui s'avère peu montré, laissant chacune de ses apparitions se faire encore plus horrifiques, à l'image du premier mort, véritable modèle du genre. C'est aussi par sa façon d'utiliser le vaisseau que Ridley Scott brille. Il use de son espace pour emmener l'intrigue à différents endroits et séparer ou rapprocher l'équipage de l'alien, il les emmène dans les salles informatiques, de repas (pour une scène que je ne suis pas près d'oublier), les conduits d'aérations ou encore le vaisseau de secours.
C'est en effet par son vaisseau et l'inventivité ainsi que la richesse du monde créé que Alien est une totale réussite. Et que dire de la façon dont ils sont représentés à travers une reconstitution et des décors prodigieux. C'est souvent sombre et toujours, extérieurs ou intérieurs, d'un réalisme résistant à toute épreuve, notamment celle du temps, bien au contraire même. Usant de décors glacials pour l'intérieur, souvent adéquat avec l'Alien, ses créations permettent de rendre l'atmosphère encore plus prenante et horrifique ainsi que de nous faire pleinement participer à l'expédition. La représentation de l'Alien est terrifiante à souhait et inoubliable avec ses doubles mâchoires d'aciers, sans être dans l'exagération et la façon dont il est représenté, à travers divers maquettes et costumes est bluffante de réalisme.
Bénéficiant d'un très bon casting avec entre autre Harry Dean Stanton ou John Hurt, Ridley Scott dirige de belles manières tous les interprètes et notamment Sigourney Weaver. Ils font très bien ressentir à leur personnage la peur, l'angoisse, le soupçons et le doute. Si le film est autant une réussite c'est en partie grâce à son ambiance qui s'avère très bien accompagnée par la partition de Jerry Goldsmith.
Un film magnifique, à l'image de l'Alien symbole de la perfection que ce soit dans son atmosphère, ses décors, ses acteurs, sa qualité visuelle, sa richesse, sa mise en scène ou sa réalisation. Ridley Scott nous emmène à bord du Nostromo pour 117 minutes inoubliables, effrayante, angoissante et intense.
On notera que la version Director's Cut n'apporte pas grand chose, deux séquences seulement, et le montage favori de Ridley Scott a toujours été celui cinéma.