Tout commence quand le « gourou créatif » français d'origine russo-chilienne Alejandro Jodorowsky contacte le scénariste américain Dan O'Bannon (Dark Star) pour adapter le grand roman de science-fiction Dune au cinéma. Depuis 1973, Jodo est sur le coup, et parcourt le monde pour trouver des talents qui soient prêts à contribuer à une épopée sf qui n'ait pas la « rigueur scientifique » et le formatage Kubrickien de 2001. Le projet du Dune de Jodorowsky tombe à l'eau, à cause de la mégalomanie du personnage et du fait que le projet « était trop français pour les producteurs americains ». Mais l'énergie déployée par Jodorowsky et les contacts qu'il avait prit ont fait leur chemin. Déjà, La Guerre des étoiles en 1977 s'inspire esthétiquement de ce vivier créatif international qu'avait réuni Jodo et consorts. Le succès de ce dernier film convainc la Fox d'investir dans la sf. Le timing est bon, le projet Alien que Dan O'Bannon transporte dans ses bagages peut prendre forme. Heureusement qu'entre-temps, il avait pas oublié ses rencontres faites pendant le projet Dune, entre autres un certain sculpteur suisse du nom de Hans Ruedi Giger.


Alien, qui devait à l'origine s'appeler « Starbeast » dans l'esprit d'O'Bannon sort en 1979. Il est pondu par une équipe nombreuse de jeunots fourmillant d'idées. Le magazine français Métal Hurlant, le dessinateur Moebius (qui avait travaillé sur Dune) ainsi que le film Massacre à la tronçonneuse inspireront le jeune Ridley Scott à réaliser ce film à la croisée des genres épouvante et science-fiction ; ce que résume très bien l'accroche célèbre : « Dans l'espace, personne ne vous entendra crier ».


Les atouts de ce film sont multiples : un huis-clos dans un superbe vaisseau labyrinthique ; un extra-terrestre absolument dément (gloire à Giger et à son esthétique biomécanique toute en fluides) qu'on entrevoit juste assez ; une distribution de têtes de nœuds de premier choix ; un héros qui se trouve être une héroïne badass (du jamais-vu jusqu'alors dans le genre sf/horreur) ; et surtout un scénario en béton armé (O'Bannon n'était pas né de la dernière pluie, et puis il s'est beaucoup inspiré du film italien La planète des vampires (1965) de Mario Bava, qui mêle de la même façon SF et épouvante).


Au contraire de 2001, Alien ne fait pas dans le plus grand que soi, mais instille posément un suspense à couper au couteau. La bande-son est discrète, le film n'est pas dans la précipitation, mais dans la force tranquille, sûr de son effet, sans rien à prouver. Un exemple peu suivi dans les productions du début du vingt-et-unième siècle. Ridley Scott reutilisera cette force tranquille dans l'antépisode Prometheus sorti en 2012. Las, Dan O'Bannon est décédé depuis 2009 et Prometheus ne bénéficiera d'aucune base scénaristique solide pour en faire un bon film !


Accessible, divertissant, intelligent et pionnier sous bien des aspects, Alien : le huitième passager est non seulement le modèle absolu dans la science-fiction horrifique mais c'est aussi un des meilleurs films de tous les temps.

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le 24 août 2015

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filmdeouf

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