Alien: Romulus
6.6
Alien: Romulus

Film de Fede Alvarez (2024)

Pour sûr que Behind l'attendait, ce Alien : Romulus. Surtout depuis qu'il avait appris que l'un de ses chouchous, Fede Alvarez, avait pris les manettes du vaisseau.

Day one, qu'il y allait, obligé. Car un alien, s'est sacré.

Sauf apparemment pour certains cinémas fréquentés par le masqué dans sa cambrousse.

Dégoûté, le masqué, devant le programme affiché par deux établissements qui se marquent à la culotte et proposent exactement la même chose. Soit aucune nouveauté et beaucoup de déjà vu, voire du très rincé. Comme Un P'tit Truc en Plus, que l'on traîne pour qu'il atteigne enfin les dix millions d'entrées et que l'on puisse crier Cocorico ! Devant le box office triomphal en fin d'année.

Douche froide sous le masque, donc, qui a dû attendre un retour à la civilisation (une ville de quarante mille habitants) pour enfin pouvoir mater l'objet de son attente.

Et si les exploitants de la cambrousse où Behind_the_Mask revient avaient voulu seulement prendre soin de son estomac fragile ?

Car Romulus lui a déclenché pas mal de remontées d'acide.

Bon... Pas immédiatement, hein. Car Fede Alvarez semble d'abord donner des gages de son respect de la franchise fétiche du masqué. Car l'ouverture du film ressemble furieusement à l'entrée en matière de Ridley Scott. Avant d'atterrir sur ce que Cameron aurait pu creuser. Et là, le masqué jubile car il pensait qu'Alvarez allait faire le lien, et expliquer ce qu'il s'était passé sur la colonie d' Aliens : Le Retour avant l'arrivée des Space Marines.

Ce qui était une super idée... Avant que Romulus ne s'intéresse au premier synthétique attardé de la série et à une bande de jeunes jamais attachante et sans charisme, digne d'un slasher lambda, ou de Alien Covenant. Et incarnée en plus, en quasi totalité, par des nobody.

Si Alvarez semble vouloir pousser à l'image de son film une véritable génération sacrifiée, une telle idée, qui aurait pu être pertinente, ne restera malheureusement qu'à l'état embryonnaire. Tandis qu'il n'est pas interdit de penser qu'avec des personnages plus âgés et revendicatifs, comme Parker et Brett, la parabole du capitalisme avide aurait acquis plus de chair.

Mais c'est dans sa gestion de la claustrophobie et du suspens que Fede Alvarez se montre le plus à son aise, réussissant à renouer avec l'ambiance des premiers épisodes. Tandis que, s'agissant des effets spéciaux, le réalisateur affiche sa volonté de ne pas céder au tout numérique, conservant un aspect old school bienvenu. De sorte que le masqué y a longtemps cru, à Romulus.

Jusqu'à un troisième acte criminel et totalement à la ramasse qui, s'il tente d'assurer le spectacle, se vautre lamentablement dans un kouglof de références à côté de la plaque et de scènes parfois nonsensiques qui défieront l'imagination, alors même que certaines partaient d'une bonne intention. Le compte à rebours emprunté à Aliens : Le Retour, qui avait tout de l'haletant à l'origine, ne s'imposera ici que comme un artifice de plus afin de rallier les fans à la cause de son nouvel opus, tout comme le retour d'un Ash numérique qui, dans ses premiers instants, apparaîtra très bizarre dans le rendu de son visage et de ses proportions.

Le triple climax foiré, quant à lui, rappellera que la procédé appartient bel et bien à un seul homme : James Cameron, et qu'il faut surtout avoir les épaules solides pour le porter, ce que n'ont pas, à l'évidence, les scénaristes de Romulus, qui se contentent, en bout de course, de partir à la pêche à la ligne en trouvant enfin une utilité à un personnage que l'on voit venir de loin. Tandis que l'hybridation entre Prometheus et Alien : La Résurrection tombe très rapidement à l'eau tant elle s'avère peu inspirée et ressort d'une tentative de fan service avortée.

Ainsi, faute de sang neuf, Romulus se présente une tentative ratée de ranimer une franchise qui, à l'inverse de Prometheus et de Covenant, ne prend aucun risque ni ne propose une quelconque réflexion. Fede Alvarez, quant à lui, malgré certaines fulgurances et un art de l'ambiance à saluer, échoue à s'inscrire dans les pas de ses aînés.

Dans l'espace, personne n'entendra le masqué crier au génie...

Behind_the_Mask, … Mais dans la salle, tout le monde l'a entendu soupirer...

Behind_the_Mask
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le 19 août 2024

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Behind_the_Mask

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