Alien: Romulus
6.4
Alien: Romulus

Film de Fede Alvarez (2024)

Un nouvel opus de la saga Alien est toujours difficile à appréhender. Je partais modestement confiant pour cet opus de Fede Alvarez mais las, le syndrome Star Wars VII a frappé, et il a frappé fort.


Visuellement c'est peaufiné mais reposant sur des artifices un peu faciles au niveau de la lumière. La DA est soignée, mais impersonnelle. L'héroïne et son androïde sont sympathiques, il y a plusieurs passages et idées intéressantes sur le papier voire dans l'exécution, mais c'est tellement noyé dans un formol hétéroclite des opus précédents qu'il n'a jamais rien pour lui.


Les personnages ne sont pas très attachants, les moments horrifiques ou de tension tombent souvent à zéro, les morts sont prévisibles et peu marquantes. Parmi les mauvaises idées de cet opus, la mention spéciale revient à l'effroyable révélation de fin et l'utilisation franchement bancale du faciès d'un acteur disparu (tant mieux qu'ils aient eu les droits mais fallait mieux bosser les effets et l'écriture).


Ils représentent d'ailleurs bien le problème essentiel du film, qui n'a aucune idée de ce qu'est un hommage.


Comme SW7, il nous pond des énormes clins d'oeil dans le gosier sans comprendre que ça ne fera qu'éclater tel un chestbuster. Tout ça est de surcroit maladroitement englobé dans un scénario qui tente de coller des morceaux de plusieurs puzzles avec un acharnement qui en devient vite ridicule. Le film est tellement obsédé par cet hommage continu que c'est une oeuvre-chimère assez indigeste (à l'image de leur macguffin-twist final), contrairement à un Covenant singulièrement décevant quand on n'adhère pas à sa proposition certes, mais qui avait le mérite d'avoir la sienne, sa vibe, etc.


Et on va me traiter de fou, mais quand je compare ce genre d'hommage à celui d'un Deadpool 3, difficile de ne pas trouver l'approche de ce dernier cent fois plus agréable et dépourvue de cynisme malgré l'apparence que le film se donne, contrairement à ce Romulus qui est une imbuvable avalanche de love bombs à la franchise mais incapable d'en faire quoi que ce soit.


Tout le monde l'a déjà dit mais la palme revient à une certaine réplique réutilisée par un certain personnage et, comble de l'ironie d'écriture ou du cynisme puant de ce film quant à ses intentions - sinon son incommensurable décalage avec ce que le public pourrait réellement attendre d'une bonne suite Alien, cinq min après que les scénaristes aient eu l'audace de faire dire qu'il ne comprenait pas le principe de faire de la citation. On peut pas faire pire et je ne comprends pas comment une tablée entière de décisionnaires a pu laisser passer cette suggestion sans mettre le holà après avoir réalisé à quel point il n'y avait pas plus pathétique comme tentative pour essayer de brosser les nostalgiques dans le sens du poil. Les gens qui découvriront la franchise avec ce film n'y comprendront rien, et les fans comprendront qu'on s'est quand même un peu bien foutu de leur gueule.


Et je n'ose même pas trop réfléchir ce que le film fait du lore de la franchise. Je sais que chaque opus a ajouté sa sauce et qu'elles ont chacune trouvé des détracteurs (particulièrement les idées du 4 et son newborn), mais il y avait une tentative de cohérence dans le développement par rapport à l'opus précédent ou dans les thématiques propres à film de la franchise.


Là, c'est à ne rien y comprendre même en y réfléchissant bien, sans parler des temps records qu'ont les bestioles pour choper leur taille définitive, même l'animation de l'évolution d'un pokémon prend plus de temps que ça.


On a un film produit avec les meilleures intentions et tout le toutim, sauf que ça n'est pas une excuse et on sait pourquoi ça ne fonctionne toujours pas.


En plus, ça n'est plus Ridley Scott qui bataille pour finir son bousin et qui y balance toutes ses idées auxquelles on a la liberté d'adhérer ou non, mais une méga corporation aka Disney qui a dépensé sans compter pour couver une poule aux oeufs d'ors supplémentaire, ôtant le film de tout esprit d'initiative et de personnalité, pour en faire un mashup désincarné des films qui l'ont précédé.

Chernobill
4
Écrit par

Créée

le 20 oct. 2024

Critique lue 28 fois

4 j'aime

4 commentaires

Chernobill

Écrit par

Critique lue 28 fois

4
4

D'autres avis sur Alien: Romulus

Alien: Romulus
Moizi
2

Crachat au visage

Ce film est un véritable crachat au visage des spectateurs, mais parce qu'il est propret et qu'il ne prend pas de risques (contrairement à Prometheus et Covenant) il ne recevra pas la haine qu'il...

le 28 août 2024

105 j'aime

25

Alien: Romulus
Sergent_Pepper
7

What’s best for the (monsters and) company

La tendance est connue : lorsqu’une franchise a été essorée mais que les studios sont bien conscients d’un reste de potentiel en dépit des déceptions précédentes, rien de tel qu’un bon retour aux...

le 15 août 2024

86 j'aime

16

Alien: Romulus
Waou5Miaou
5

Romulus, suite ou pas, c'est inutile.

N'est pas Ridley Scott qui veut, lorsqu'il s'agit de s'attaquer à un tel Alien. Avec comme passagère l'inoubliable Sigourney Weaver, qui a su graver l'image forte et intelligente d'une femme sensible...

le 28 août 2024

53 j'aime

2

Du même critique

Conjuring - Sous l'emprise du diable
Chernobill
3

Sous l'emprise de la médiocrité - Spoiler alert

Purée cette catastrophe.... Après deux Conjuring de très bonne facture grâce à un réalisateur qui savait quoi faire, quoi raconter et quoi filmer, en voilà une belle chute. Parce que les scénaristes...

le 5 juin 2021

26 j'aime

1

Space Jam : Nouvelle Ère
Chernobill
1

L'Art de ne même pas savoir exploiter la nostalgie

Ben voilà... Presque 25 ans après un film qui n'avait de base pas eu grand chose pour lui autre qu'être une pub déguisée avec des cartoons dedans, Warner Bros tente de redonner un second souffle au...

le 16 juil. 2021

9 j'aime

Dune
Chernobill
8

Valar Morghulis (sic)

Je l'ai attendu avec beaucoup de curiosité ce Dune. Dès les premières images officielles, je sentais que j'allais être comblé. Après tant d'attente, force est de constater que oui : j'ai passé un...

le 15 sept. 2021

7 j'aime

4