Prévu pour s’associer au 1 et au 2, ce qui était d’ailleurs une idée de Neill Blomkamp, ce remboursement sur avance faite pour le 6 est surtout la preuve qu’il y a eu le jeu Alien: Isolation depuis. Ça se passe dans une station spatiale, le premier Xénomorphe a le pas lourd, il est question de transpercer le synthétique avec une pique électrique, l’héroïne a l’âge d’être la fille de Ripley, n’en jetons plus… Mais ça permet de poser la question du casting, c’est-à-dire de ces vingtenaires qui pullulent sur Netflix et maintenant au cinéma, parce que l’ado a gagné la guerre des spectateurs, et que ces cons de producteurs pensent qu’il faut en mettre dans ce qu’ils vont acheter : quel degré de naïveté ou d’inconscience faut-il pour prendre la succession de Sigourney Weaver, jusqu’à l’imiter en attaquant au pulse rifle ou en se mettant en petite tenue avant l’assaut final, en ayant toutes les difficultés du monde à faire passer la moindre émotion ? Mais ça permet de poser la question de la characterization, tellement approfondie qu’on ne retient que le nom d’Andy à la sortie, et qu’on a presque envie de détourner le principe du fusil de Tchekhov pour parler de personnage de Tchekhov : l’ado enceinte qui n’est enceinte que pour pondre son bébé à la fin, et qui trouve tout naturel de s’injecter une substance inconnue, au péril de la vie de son enfant alors qu’elle est en passe d’être sauvée.
Le reste n’est pas que gruyère scénaristique, où par exemple la bande d’ados part sans être contrôlée d’une planète sur laquelle tout le monde est contrôlé, et commence même avec un regard intéressant sur les colons pour glisser vers des facehuggers revalorisés, dans le respect de la licence mais se casse la figure à la réapparition d’Ash. Avec ce fâcheux en CGI malheureux, qui a trouvé le moyen de réinventer le black goo de Prometheus pendant la grève des scénaristes, le respect passe à l’insistance, au point que des répliques des deux premiers volets sont reprises tel quel, et l’originalité passe à la trappe hormis à de rares moments, les variations autour de la gravité étant gâchées par un énième compte à rebours. On se dit alors qu’il s’agit bien d’un retour, mais plutôt d’un éternel retour pour détourner cette fois une idée de Nietzsche, que le culte aux années quatre-vingts a quasiment banalisé. Et puis tout devient clair, cette annonce à la Kathleen Kennedy après le rachat de Lucasfilm, d’ignorer le 3 et le reste, c’était pour mieux pomper ce reste : il y a un nouveau monstre à la fin, mais c’est le Newborn du 4 en plus moche, car il renvoie au Voldemort du premier Harry Potter, et ce n’est pas exactement un compliment.
Pour public averti (ou qui attend avec perversité que le magicien transperce son assistante pour de bon) : Alien: Romulus (2024) de Fede Alvarez (connu pour un Don’t breathe bien mais pas top, et maintenant pour une séquence d’accouchement loin de valoir celle de Prometheus), avec Cailee Spaeny (connue pour un Civil war où elle était bien mais pas top, et maintenant pour un film confirmant que les autres étaient meilleurs) et l’Alien du premier (qui n’était donc pas mort et qui a résisté au froid de l’espace, alors que le froid est défini ici comme le point faible de son espèce)
Avis publié pour la première fois sur AstéroFulgure