Il est de bon ton chez les critiques professionnelles et amateurs de se palucher devant ce nouvel opus de la saga Alien et pourtant il y a beaucoup de choses à dire et pas que des bonnes, loin de là. Je sors tout juste de ma salle de cinéma et mon avis à chaud est plutôt mitigé concernant cet Alien: Romulus mais commençons par le commencement, mon classement de la saga Alien :
En septième position, l'infame Alien: Covenant de Ridley Scott dont la débilité récréative n'arrivait jamais à masquer les nombreuses incohérences narratives et les énormes contradictions avec l'ensemble de la saga.
En sixième position, le très médiocre Prometheus de Ridley Scott qui avait pour ambition de raconter la genèse de la saga mais qui s'embourbait dans un scénario idiot avec des personnages cons comme la lune et des explications fumeuses concernant la naissance du xénomorphe.
En cinquième position, Alien: Romulus qui est l'objet de cette critique.
En Quatrième position, le très divertissant Alien, la résurrection de Jean-Pierre Jeunet qui panachait un peu toute la trilogie pour aboutir à une série B de luxe franchement efficace jouissant en outre d'une direction artistique de toute beauté très inspirée par le célèbre peintre Francis Bacon..
En troisième position, Aliens, le retour de James Cameron qui proposait un film d'action survitaminé avec une Ripley en mode maman Rambo. Un pur régal pour les amateurs de SF testostéronée en somme.
En seconde position, Alien 3 de David Fincher sur lequel à peu près tout le monde a craché mais pas moi parce que ce voyage en enfer pour Ripley était à la fois un régal pour les yeux mais offrait également un spectacle horrifique mâtiné de mysticisme dont la noirceur nihiliste s'était imprimée en moi de façon indélébile (Particulièrement avec l'excellente version Assembly Cut).
Et enfin à la première place, l'indétrônable Alien, le huitième passager de Ridley Scott qui a non seulement inventé l'Horreur/SF en 1979 mais qui figure toujours dans le top 10 des meilleurs films de SF jamais réalisés grâce à son scénario parfait, sa bande son mythique, ses acteurs excellents, ses effets spéciaux aussi impressionnants que perturbants et sa mise en scène millimétrée suscitant l'effroi de la première à la dernière minute.
Ceci étant dit, quid d'Alien: Romulus ? Cet épisode se situant entre le premier et le second tentait de renouer avec les origines de la saga à savoir un huis clos dans lequel des humains doivent faire face à un ou plusieurs Aliens et font tout ce qu'ils peuvent pour s'en sortir vivants. Si je n'ai rien à redire sur l'esthétique générale qui iconisait remarquablement les xénomorphes, si je n'ai rien à redire sur la mise en scène qui exploitait habilement l'angoisse du spectateur du début à la fin, j'ai été beaucoup moins convaincu par le scénario sans ambition servant de prétexte pour mettre en scène des jeunes protagonistes sans aucun charisme ni personnalité avec juste une fonction de chair à canon pour des xénomorphes très énervés, j'ai été beaucoup moins convaincu par le fan service à la con destiné à raccorder le film maladroitement avec toute la saga (Le Deepfake de Iam Holm absolument dégueulasse, les mêmes flingues que les marines d'Aliens, la phrase de Ripley en direction de la reine à la fin d'Aliens hors de propos ici, le face à face ridicule avec l'Alien inspiré du 3 ou la créature finale qui copie celle d'Alien 4 en moins bien) et j'ai été beaucoup moins convaincu par la bande son de Benjamin Wallfisch d'une grande platitude alors que les précédents volets nous avaient habitués à beaucoup mieux à ce niveau. Au final je n'ai pas détesté Alien: Romulus qui offrait un film d'horreur/SF à l'ancienne sympathique et pas trop pollué par ces satanées CGI (Même si beaucoup trop à mon goût) qui transforment tout en cinématique de jeu vidéo mais qui n'allait jamais au-delà de l'hommage respectueux et cette tiédeur ainsi que les défauts dont j'ai parlé plus haut le confinait à n'être pas davantage qu'un épisode annexe et sans conséquence, d'où la cinquième place dans mon classement. Vous pouvez néanmoins aller le voir parce que le produit se révélait tout de même bien plus satisfaisant que les ignobles Prometheus et Covenant.