En 2012, Ridley Scott a ressuscité sa saga Alien avec Prometheus puis Alien : Covenant en 2017. Les deux volets ne se montrent pas à la hauteur de la quadrilogie qui s’étale de 1979 à 1997, avec plus ou moins de réussite et des réalisateurs différents avec James Cameron, David Fincher et Jean-Pierre Jeunet, ce qui confère à chaque volet sa propre identité.
Cette année, Alien : Romulus promettait de revenir à l’essentiel, ce qui a fait de cette saga une référence dans le domaine de la science-fiction avec un nouveau réalisateur Fede Alvarez. Malgré les promesses entendues lors des différentes déclarations, que ce soit de son producteur Ridley Scott ou de son réalisateur, ainsi que des teasers semblant renouer avec l’essence de son univers, un certain scepticisme était de mise, tant Evil Dead et Don’t Breathe ne m’avaient pas convaincu. Mais, comme pour chacun des volets de la saga, je ne pouvais résister à l’envie de le découvrir dans l’atmosphère d’une salle de cinéma.
Au commencement
L’histoire se déroule entre Alien, le huitième passager et Aliens, le retour. Elle prend place dans un univers dystopique aux relents Orwelliens, au sein d'une colonie de la corporation Weyland-Yutani située sur une planète à l’atmosphère hostile.
Rain (Cailee Spaeny) rêve d’une planète où le soleil illumine son visage et ses terres. Elle est accompagnée de son “frère” Andy (David Jonsson), un androïde programmé pour veiller sur elle.
Après des années de travail, Rain est en droit de demander son départ vers la planète de ses rêves. La corporation oppose un refus. Par un heureux hasard, Tyler (Archie Renaux), secrètement amoureux d’elle, lui propose de fuir cette planète, en rejoignant un vaisseau abandonné dans l’espace qui va leur permettre d’effectuer le voyage pour rejoindre cette fameuse planète. Malheureusement, le xénomorphe sommeille au sein de ce vaisseau sous la bienveillance de la corporation.
C’était mieux avant…
En quelques plans, Fede Alvarez parvient à dessiner un univers aussi sombre que notre époque.
La colonie ressemble au Los Angeles de Blade Runner. Elle est aussi sombre et sale. Le soleil est masqué par la couche de pollution qui recouvre la surface de cette terre aride. On ne peut faire la distinction entre le jour et la nuit. Le peuple, où plutôt la main d'œuvre, sont entassés les uns sur les autres, dans des espaces exigus.
Dans ce monde dystopique, Andy semble issu d’une époque révolue, de celle ou l’homme noir est considéré comme un serviteur ou un majordome. Il fait même figure d'oncle Tom. Il en va de même pour les autres occupants de cette planète. Ils traînent leurs corps cabossés dans l'hostilité des mines pour en extraire les matières premières, au profit de la corporation Weyland-Yutani. On assiste à une réminiscence de l’esclavagisme sous toutes ses formes.
Au début, Andy est considéré comme un personnage fragile, voire de passer pour l’idiot du village, avant de se transformer en un sociopathe au service de la corporation, comme ce fût le cas avec Ash. En dehors de Rain, qui lui voue une véritable affection, il est vu par la plupart des autres membres de l’équipage, comme un simple objet du fait de son statut d'humanoïde. Une déshumanisation de sa personne, avec l’accord implicite de Rain.
Fade Alvarez
Alien Romulus est une sorte de maxi Best of de la saga Alien. Il se révèle aussi indigeste qu'un Mcdo. En supplément, Fede Alvarez recycle ses déplorables Evil Dead et Don't Breathe, pour en faire un navrant teen movie.
Rain remplace Ellen Ripley (Sigourney Weaver), alors que Andy prend la place de Ash (Ian Holm). On peut faire le même constat avec les autres membres de l’équipage, ainsi que le parallèle avec la mise en place quasi identique à celle de Alien, le huitième passager. En dehors de cette similarité, Fede Alvarez assaisonne son œuvre de clins d'œil, plans ou répliques issues des volets précédents. Il donne le sentiment de vouloir étaler ses connaissances sur la saga, d’impressionner “Papa” Ridley Scott, tout en étant dans le fan service comme dans le plus banal des Marvel et autres reboot, tels SOS Fantômes ou Star Wars, pour satisfaire le public.
Y a-t-il un scripte sur le plateau?
Les films regorgent d’incohérences scénaristiques, de faux raccords et autres défauts, sans que cela ne soit préjudiciable à sa qualité intrinsèque. Alien : Romulus ne fait pas partie de cette catégorie.
Alien : Romulus évolue avec les codes de la saga Alien. Fede Alvarez ne fait que marcher dans les pas de ces prédécesseurs. C’est un faiseur, pas un auteur, ce qui ne le dédouane pas des diverses incohérences.
Au-delà de son écriture reposant sur un copier/coller des précédents opus, Andy nous fait un rappel sur les aptitudes du Xénomorphe, qui sont similaires à un accouplement entre un requin blanc et un Predator, ce qui nous ramène aux sombres heures de Alien Vs Predator. A savoir, qu’il est aveugle et se repère grâce à la chaleur des corps et aux bruits. Dans le même temps, Andy leur dit de prendre des armes mais qu’ils ne peuvent pas les utiliser, en raison de l’acidité de leurs sangs, mais que cela leur fera peur. Alors qu’il vient de leur expliquer qu’ils sont aveugles. Comment peuvent-ils savoir qu’ils sont armés?
Puis, il y a Ash. Il fait le lien avec Alien mais le procédé est visuellement dégueulasse. Ian Holm doit pleurer de rage dans sa tombe. Une rage que je partage, face à cet insipide opus.
Bref…
Au siècle précédent, la saga Alien était une de mes préférées. Depuis, elle erre dans l’espace, comme le Nostromo. La saga n’a pas su se renouveler. Alien : Romulus se révèle aussi laborieux que les deux précédents opus. Dans le futur, on lui souhaite de tomber entre de meilleures mains, comme celles de Denis Villeneuve pour Blade Runner 2049.