Le premier teaser de ce spin off Alien, laissait entrevoir un retour au huit clos dans un transporteur spatial qui avait fait du premier épisode un de mes films préférés ever.
L'arrivée de Fede Alvarez aux manettes donnait aussi à penser qu'on allait arrêter d'essayer d'expliquer le lore architecte/xenomorphe/matière noire qui était devenu un délire métaphysique que plus personne ne voulait suivre, et qu'on tirerait un trait sur le passé pour voir quelque chose de plus viscéral, nerveux et surtout rempli d'idées neuves.
Commençons par les points forts, l'équipe photo a clairement pris des notes en jouant à Alien Isolation, les décors ont vraiment la même classe, on est de retour avec des interfaces windows 2.0 et des machines avec des gros boutons à enfoncer. Cailee Spaeny (déjà très bien dans Civil War) fait plutôt bien le job en mini Ripley. Quelques bonnes idées et scènes sont aussi à saluer : le 1,2,3 soleil avec les facehuggers (mais qui tourne court), le meilleur ami synthétique (mais qui est aussi stable qu'un windows XP sous prozac), le fusil auto-aim (mais que le meilleur pote a appris à manier sur youtube).
Mais pour le reste, si je ne m'attendais pas une claque historique, je ne pensais pas subir non plus une telle séries de déceptions :
- le set up : ce qui faisait la force du premier Alien, c'est qu'on était avant tout en immersion au sein d'un équipage, avec ses règles, sa hiérarchie, sa routine, son protocole, le vaisseau qui continuait imperturbablement son trajet dans l'espace profond, et plus que l'Alien qui n'est jamais qu'un accessoire, ce qui était passionnant c'est de voir peu à peu cette routine céder face à l'inconcevable, mais avec toujours des personnages crédibles, qui ne sortent pas de leur rôle, qui s'adaptent, réfléchissent, et font tout pour survivre. Ripley n'étant au début qu'une personne de l'équipage parmi d'autres, on ne savait pas à quoi s'attendre, mais on s'identifiait totalement. Mais là, en guise de seconds rôles, en dix minutes on nous présente une bande d'incapables assez idiots, qui s'envolent en cargo pour accoster à dix minutes de chez eux (mais arrivent bizarrement sur place avant tout le monde), et ensuite prendrons systématiquement les pires décisions possibles défiant toute logique d'auto préservation. Tout ça pour les "quitter" aussi vite qu'ils sont arrivés. On perd clairement en majesté de l'emplacement et en crédibilité des personnages.
- le fan service : les clins d'oeil aux précédents films sont nombreux, mais systématiquement moins bons que l'originel, et quasi systématiquement complètement hors de propos. Ce qui aurait du se limiter un petit logo Weyland-Yutani Corporation et une paire de Reebok pour le rattacher à l'univers, se retrouve une série de coups de coude gênants, hors de propos, qui sont tellement présents qu'ils désamorcent en plus tout suspense à force de reprendre systématiquement les mêmes scènes, et découpage du film (arrivée, facehugger, chestbuster, fuite, dodo en slip dans le cryopod, ah non un dernier gros méchant à jeter dans l'espace).
- les antagonistes : le xenomorphe ne fait plus peur depuis 20 ans, un bon film Alien a besoin d'antagonistes humains (ou synthétiques) pour l'assister, que se soit des individualistes criminels, des vendus à la corporation, des fanatiques, ce que vous voulez, mais la vilaine bébette ne peut servir que de déclencheur et d'accélérateur. Et là on a quoi ? Un énième deep fake d'un personnage emblématique, complètement raté techniquement, omniprésent... via webcam uniquement. Vraiment la même impression que lorsqu'un PNJ t'interromps toutes les 5 minutes dans un jeu pour t'expliquer les commandes, insupportable. C'est très très faible comme visage du mal, et clairement pour moi la pire idée du film. Surtout que les aliens ont l'air d'avoir la gueule de bois au réveil et sont plutôt maladroits et mous du genou.
Si les dix premières minutes m'ont fait penser qu'on allait pouvoir profiter d'un peu de sang (et d'acide) neuf, j'ai très vite déchanté tant tout se prend les pieds dans le tapis rouge du musée de la saga Alien, décidément de plus en plus loin de sa renaissance.