Alien: Romulus
6.4
Alien: Romulus

Film de Fede Alvarez (2024)

Enfin un nouveau film Alien ! Et miracle, plutôt réussi avec ça ! Sans atteindre le niveau de la sage originelle, "Alien Romulus" se révèle être une suite tout à fait honorable, rendant hommage à ces prédécesseurs (auquel il fait de nombreux clins d’œil et références… surtout au 1er film) tout en introduisant quelques éléments inédits et intéressants.


On comprend vite que Fede Alvarez souhaitait vraiment inscrire son film dans la lignée directe du "Alien" de 1979. Les événements de "Alien Romulus" se déroulent en effet entre les 2 premiers films de la saga, et on y retrouve non sans nostalgie de nombreux vestiges : les restants du Nostromo et son xénomorphe momifié, un robot en ruines arborant les traits du bon vieux Ash, une nouvelle last girl en R… Et "Alien Romulus" renoue également avec les racines d’Alien premier du nom en en reprenant l’atmosphère sombre, poisseuse et claustrophobe, mais aussi en revenant à son concept de base le plus primaire : un space-survival, avec une équipe de personnages cherchant à survivre à une menace qu’ils ne comprennent pas et contre laquelle ils ne peuvent pas combattre, dans l’espace clos et confiné d’un vaisseau à la dérive doté d’une technologie aux aspects bien rétros. Mais au-delà de tout ça, le réalisateur cherche aussi à insuffler un souffle nouveau à la saga en proposant quelques nouvelles bonnes idées (ex : l’utilisation de la gravité et du sang acide, une utilisation plus appuyée des effets gore et du body horror…) et en choisissant pour personnages une bande de jeunes colons inexpérimentés mais pleins d’espoir. Tout cela pour donner un film bicéphale, tourné vers le passé, mais aussi vers l’avenir.

"Alien Romulus" n’est cependant pas exempt de critiques. A mon sens, il faut surtout déplorer le manque de développement et d’exploitation des différents personnages. Après un départ prometteur, on constate avec regret que ces derniers ne servent pas à grand-chose d’autre que comme proies pour les aliens dans le film, malgré de bonnes pistes de caractérisation qui auraient pu être davantage explorées : la relation fraternelle entre Rain et Andy, celle d’ex-amants de Rain et Tyler, celle de rivalité de Andy face à Bjorn, le triangle mi-familial et mi-amoureux entre Tyler, Bjorn et Kay (qui aurait pu mener à un véritable déchirement des liens qui les unissaient)… On aurait aimé en savoir plus sur tous ces personnages et sur leur parcours, et les voir évoluer davantage dans le film… Rein, héroïne bien vide et sans réel trait de personnalité, pâlit encore plus de sa comparaison évidente avec Ripley. Et je pense aussi à Navarro… un personnage aussi classe et badass méritait bien mieux. A cause de ça, on ne s’attache tout simplement pas à eux et leur mort nous indiffère. C’est bien dommage.

En revanche, j’ai trouvé que l’atmosphère inquiétante et la tension super bien gérées tout au long du film. C’est rythmé, on ressent vraiment toute la peur des personnages et il y a des idées de mise en scène bien trouvées pour alimenter ce climat de tension (ex : la scène de l’eau avec les facehuggers, la poursuite dans le tunnel de l’ascenseur). Quant au final avec l’apparition de la créature hybride… tout simplement terrifiant.

Les thèmes explorés sont également intéressants et apparaissent comme une prolongation de ceux qui avaient déjà été développés dans les films précédents : la critique sociale née de la domination imposée par la Weyland sur les ouvriers, la métaphore du viol, les androïdes tantôt ennemis et amis, le triomphe d’une figure féminine indépendante affirmant sa force et sa détermination à combattre l’agresseur… Mais on observe que l’accent est aussi particulièrement mis sur les thèmes de l’insémination / fécondation, de la gestion, de la mise au monde… et de l’hybridation amenant à de nouvelles formes de vie ou plus généralement à un renouveau. On retrouve ça dans le cœur même de l’histoire, avec cette bande de jeunes colons qui souhaitent atteindre une terre promise pour y (re)faire leur vie, en voyageant à bord d’une station nommé Renaissance, de même que ses anciens habitants cherchaient à créer une nouvelle civilisation, une nouvelle espèce humaine améliorée en faisant des expériences sur les aliens entre les compartiments Remus et Romulus… et bien sûr dans la représentation du cycle de vie des aliens, d’œuf à facehugger, de facehugger à chestburster, de chestburster à cocon, de cocon à xénomorphe (schéma classique représenté par des visuels mêlant effets pratiques et numériques très efficaces), mais aussi dans le terrible accouchement de Kay avec la mise au monde de l’hybride.

EctoplasMan
7
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le 16 sept. 2024

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