La pyramide alimentaire selon Saint-Paul

Fallait-il voir dans les réticences de James Cameron ou de Sigourney Weaver de savantes prémonitions concernant Alien vs. Predator ? Le résultat désastreux leur aura donné raison mais, dans un autre sens, le potentiel gigantesque que revêtait pareille « mariage » avait de quoi faire saliver… jusqu’à ce que sa réalisation n’échoie à Paul W. S. Anderson, le célèbre fossoyeur du genre vidéoludique. Entre caprice et plaisir coupable voué à enchanter les mordus de ces icônes de l’épouvante, pareil projet pouvait se tailler une place, même accessoire, dans leur constellation respective. Raté.


Pourtant, pris en tant que tel, le postulat d’Alien vs. Predator semblait tenir la route : usant à son propre compte du mythe des pyramides façonnés par des visiteurs venus d’ailleurs, le scénario final de ce sacré Paul ménageait assez bien la chèvre et le chou. Mais l’illusion ne durera guère, le long-métrage ressemblant à tant d’autres du cinéaste : sans imagination, gourmand en grosses ficelles, prévisible comme pas deux et, en définitive, ni fait, ni à faire. Pis encore, il est surtout d’une fadeur considérable tant il échouera à faire de ses deux armes principales, l’action et l’horreur, des vecteurs de succès.


C’est même tout le contraire : exception faite d’une maigrelette séquence satisfaisante, la rencontre tant attendue entre les deux monstres accouchera d’une ribambelle de souris. Au point, de surcroît, d’abîmer la légende du Predator dans sa stature de chasseur suprême (ce sont des rookies, certes, mais tout de même), tout en sapant l’empreinte terrifiante du Xénomorphe : nulle frayeur à l’horizon en définitive, si ce n’est cette mise à mort à retardement d’infortunés sacrifiés… mais dès que ce perceur de crâne pointera sa frimousse tout en dents, le suspense cédera sa place au convenu et fonctionnel.


Faute d’atmosphère, l’effort en termes de décors n’aboutira jamais : l’intrigue peu à peu vidée de sa substance (déjà limitée, convenons-en), on se surprendra davantage à rire (ou moquer, c’est selon) les destins d’une brochette d’humains tous plus insipides les uns que les autres, dont les diverses mises à mort nous laisseront souvent de marbre. Ses personnages et dialogues archétypaux parachèveront ainsi le naufrage d’Alien vs. Predator, énième preuve s’il en est de l’incompétence chronique de Paul W. S. Anderson a assurer le strict minimum : avec de tels matériaux, l’on frise l’acte criminel.

NiERONiMO
2
Écrit par

Créée

hier

NiERONiMO

Écrit par

D'autres avis sur Alien vs. Predator

Alien vs. Predator
B_Jérémy
6

Dans le coin bleu : PREDAAATOR !!! Dans le coin rouge : ALIEEEN !!! "DING DING" FIGHT !!!

Cette pyramide, c'est une prison. On a pris les armes des gardiens, maintenant les prisonniers s'échappent. Pour restaurer l'ordre un gardien a besoin d'armes. Quand cette porte s'ouvrira, il...

le 25 oct. 2020

40 j'aime

34

Alien vs. Predator
Gharlienon
4

Petite leçon de mythologie (et source de quelques spoils)

Le saviez-vous? Un seul alien est assez redoutable pour éliminer deux predators pourtant normalement réputés pour leur talent de chasse hors du commun et leur arsenal de détection optimal... Le...

le 25 juin 2011

32 j'aime

9

Du même critique

The Big Lebowski
NiERONiMO
5

Ce n'est clairement pas le chef d'oeuvre annoncé...

Voilà un film qui m’aura longuement tenté, pour finalement me laisser perplexe au possible ; beaucoup le décrivent comme cultissime, et je pense que l’on peut leur donner raison. Reste que je ne...

le 16 déc. 2014

33 j'aime

Le Visiteur du futur
NiERONiMO
6

Passé et futur toujours en lice

Un peu comme Kaamelott avant lui, le portage du Visiteur du futur sur grand écran se frottait à l’éternel challenge des aficionados pleins d’attente : et, de l’autre côté de l’échiquier, les...

le 23 août 2022

29 j'aime

Snatch - Tu braques ou tu raques
NiERONiMO
9

Jubilatoire...

Titre référence de Guy Ritchie, qui signa là un film culte, Snatch est un thriller au ton profondément humoristique ; le mélange d’humour noir à un scénario malin et bien mené convainc grandement,...

le 15 déc. 2014

18 j'aime

3