C’est quoi cette mauvaise came, Ron ? Et pourquoi tant d’Aliens ?
Je ne connais que très mal le cinéma décrié de James Cameron, n'ayant vu de lui qu'Abyss, que je n'avais vraiment pas aimé, et désormais Aliens : le retour, deuxième film de la série.
Il n'était pas forcément facile de passer après le film de Ridley Scott, malgré toutes les réserves que je trouvais naguère à ce film ; il n'était pas facile de s'inscrire dans la continuité tout en se démarquant ; il n'est jamais facile de proposer une suite à un film à succès réalisé par un autre. Certainement.
Mais là, trop c'est trop !
Déjà, le scénar est peu crédible : on retrouve Ripley cinquante-sept ans après les événements du premier épisode, on la réveille et poufff, pas de bol pour elle, on a justement à ce moment précis des problèmes avec ce genre d'aliens sur la colonie où elle était allée ! Ce n'était pas deux ans avant ou après, non ça arrive juste à ce moment là. A croire que Ripley est maudite (ou qu'on ne la réveille à ce moment que parce qu'on a besoin d'elle, ce qui n'est pas impossible). Le scénario est dans l'ensemble prévisible et sans grande surprise. Par exemple, quand on voit les militaires sûrs d'eux, convaincus de ne faire qu'une bouchée de leurs adversaires, on sait qu'ils vont souffrir et qu'il ne va pas en rester beaucoup à la fin ; dès qu'on voit apparaître la gamine, on sait qu'à un moment ou un autre elle va être menacée par un alien, peut-être même qu'on va la croire morte, mais on sait aussi très bien que Ripley va finir par la sauver... Rien de bien surprenant ou original. Bref, le scénario ne brille pas par sa finesse.
Mais le film bascule aussi facilement dans la caricature, n'étant manifestement qu'un prétexte à l'action. Pourquoi en effet ces personnalités caricaturales chez les militaires, et notamment la Mexicaine, véritable rambowoman ? Attention, ces soldats sont fiers de leurs armes, et ce ne sont pas des amateurs : « on est des marines, c'est quoi encore cette mission minable ? » Et quand on a un problème, on ne réfléchit pas, on n'est pas suréquipés pour penser, on balance une bombe nucléaire pour résoudre le problème. Evidemment c'est quand même un peu plus compliqué, ça ne marche pas, sinon le film serait fini rapidement...
Cameron en fait donc beaucoup trop, ce qui fait parfois sourire, mais sur la durée du film, j'ai pour ma part trouvé ça plutôt agaçant, et je ne suis pas persuadé que l'intention première du réalisateur canadien était que le spectateur voie le film au second degré... Son objectif est de faire du spectacle, de balancer des éclairs, de la fumée, des lumières bleues, des explosions, des flammes... Manifestement, Cameron aime filmer les brutes surarmées ; il ne fait pas, ou bien peu dans la psychologie, on est dans un film d'action, faut pas mélanger les genres, quand même. Du coup, comme ce n'est pas uniquement ce que je recherche dans un film, j'ai trouvé Aliens : le retour ennuyeux par moments, malgré la présence de Sigourney Weaver qui est toujours au top. J'aime beaucoup son jeu, de même que celui de l’androïde qui est très bien réussi. Pour le reste, les décors sont assez moyens par rapport à ce qu'on fait aujourd'hui, et on a déjà entendu mille fois ce genre de musique au cinéma. Bref, rien de bien original à l'horizon.
Au final, là où le film de Ridley Scott était tout en tension et en finesse, James Cameron ne nous propose que des muscles et des armes, ce qui donne un film peu intéressant, en tout cas moins que le suivant, celui de Fincher qui, sans être selon moi une grande réussite, exploite bien mieux les jalons posés par Ridley Scott, avec une attention plus forte à la psychologie des personnages...
Voir aussi mes critiques de :
Alien : le huitième passager, de Ridley Scott (7/10) : http://sens.sc/Qvw0dD
Alien 3, de David Fincher (6/10) : http://sens.sc/QvwgJE
Alien : la résurrection de Jean-Pierre Jeunet (6/10) : http://sens.sc/15rIpoI