Voilà un paragraphe qui va faire grincer bien des dents, puisque je considère l’opus de Cameron comme le plus faible de la saga Alien. Ce qui ne veut pas dire que je le déteste pour autant (en l’état, c’est même un très sympathique défouloir qui se lance dans de l’action-SF plutôt que de taper dans la peur). Mais les chroniques dithyrambiques fleurissant de toutes parts à son sujet, je m’attacherais surtout à l’attaquer sur ses faiblesses. En l’état, la première partie du film est plutôt réussie. Après la récupération de Ripley (en parfaite concordance avec le premier opus) et le lancement de la mission, la partie sur la découverte de Hadley Hope (la station coloniale contenant dans les 200 personnes) est remarquablement bien gérée (permettant déjà de planter un contexte horrorifique plutôt sympathique (aucun cadavre, mais des barricades défoncées, des explosifs dispersés un peu partout, des traces de lutte…). Le premier gros soucis de ce film reste ses personnages, presque caricaturaux dans leur rôle (Vasquez notamment, Apone en chef décidément très Ouh Ha). Seuls Hudson avec son cynisme et Hicks (qui parle peu) parviennent à tirer vraiment leur épingle du jeu en termes de « présence ». Rien à redire sur le synthétique Bishop qui se contente d’aider gentiment le groupe et d’étudier les aliens. Quant à Burt (le pourri du film, comme il y en a toujours un chez Cameron), il parvient de justesse à s’attirer nos foudres, même si sa fin est carrément expédiée et son action effleurant à nouveau le thème de la conservation d’échantillon sans aller plus loin. On reviendra à Ripley plus tard. Si le film était bon jusqu’à l’entrée des militaires dans le complexe terraformeur, la découverte du nid annonce déjà les tendances du film. Si la découverte des civils, le design poisseux du nid (camouflant parfaitement ses occupants) et la scène de sortie de l’embryon alien viennent mettre un peu de tension, la scène qui suit, sensée être un climax de terreur, est en partie ratée. Si le concept d’utilisation des caméras individuelles permet en effet de faire ressortir la débâcle et le sentiment de voir la menace s’abattre de tous côtés sans qu’on puisse la voir, c’est aussi parce qu’on ne voit rien. Pendant cette scène, Cameron multiplie les gros plans, les cadrages hasardeux, les actions hachées qui ne favorisent pas la lisibilité. Certes, le moment se veut anarchique, mais le montage ne rend finalement pas du tout justice à ces décors qui se mettent à grouiller d’aliens sans qu’on en voie finalement un seul (on voit des trucs commencer à bouger). Il faut attendre le retour au camion pour en voir quelques uns, et depuis, la tension est retombée. Commence alors la seconde partie, qui va essentiellement consister à attendre l’ennemi en préparant un minimum le terrain, puis en vidant les chargeurs dès que celui-ci apparaît. C’est du défoulement, l’action tenant en effet une belle part du récit. Mais cette formule continue ainsi jusqu’au retour de la navette, et devient rapidement redondante (les soldats se faisant avoir pratiquement un par un, quand ils ne se sacrifient pas en mode « on est foutu » alors qu’ils ont encore des bandoulières de munitions). Venons en maintenant à Ripley, la figure féminine du film. Ici, elle fait, de l’avis général, figure de la mère bienveillante qui va protéger Newt et devenir pour ainsi dire sa mère adoptive. Alors que la reine Alien fait figure de mère tyrannique. Bémol : je trouve que Cameron a plus le don pour citer des thématiques que pour les traiter en profondeur. Ici, Ripley devient la mère de Newt parce qu’elle est gentille avec elle, qu’elle lui donne un chocolat chaud et qu’elle vient vérifier que tout va bien quand elle dort. Soit, les instincts maternels de Ripley sont exposés de cette façon (mais à la limite, l’insistance de Ripley pour aller rechercher Newt au milieu du nid se révèle sans doute plus convaincant). Mais à aucun moment la reine ne prend une carrure de mère tyrannique. C’est tout au plus une grosse bêbête (au design joli, mais qui est véritablement la seule innovation du film avec le nombre d’Alien) qui voit l’intégralité de sa progéniture se faire griller par Ripley et qui vient réclamer vengeance. Il n’y a pas de symbolique profonde derrière l’affrontement final, juste une héroïne qui se bat avec le gros monstre dans un grand jouet (combat d’ailleurs à peine impressionnant, la reine étant à peine exploitée). Sans parler de l’issue du combat, presque nanarde pour l’accrochage à la jambe de Ripley et ressortant cette fin du premier en à peine différent (c’est juste plus gros). En l’état, l’esthétique froide de Cameron me laisse beaucoup plus froid que celle du précédent opus, ce dernier visant plus la fonctionnalité des appareils à la beauté de l’ensemble. Dégainant une puissance de feu qui tranche indéniablement avec son prédécesseur, Aliens est une suite fendarde qui tente de s’émanciper de son prédécesseur en jouant la surprise et l’actionner bourrin (plus populaire également) à l’horreur et au huis clos. Pour ma part, un cru honnête, mais des ambitions artistiques relativement peu épaisses, sacrifiées sur l’autel du divertissement maousse qui pourtant rechigne à s’assumer comme tel (sans doute envieux de l’aura de reconnaissance populaire du premier opus que rien ne prédestinait à une telle célébrité). Le moins bon, mais ce n’est pas une tâche non plus.

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le 15 juil. 2014

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Voracinéphile

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