Ecrire une critique sur un biopic est toujours un exercice intéressant, mais lorsqu'il s'agit d'écrire sur le biopic non officiel de Céline Dion, par et avec Valérie Lemercier, autant dire qu'on s'installe correct et qu'on s'agrippe à son siège. Que le film plaise ou déplaise, nul ne pourra lui reprocher un manque d'ambition ou de courage à Valérie Lemercier qui porte cette histoire et tout ce qui la compose à bout de bras, en interprétant et en faisant vivre son récit avec une assurance implacable.
Et quitte à réaliser un projet casse gueule autant aller directement au casse pipe, et le culot, ça paye.


Dans une 1e partie qui ne renie rien aux belles années des Nuls version école des fans, on rencontre la jeune Aline Dieu, déjà portée par la grâce d'une voix singulière et par une famille aussi nombreuse que chaleureuse. Sous les jupons d'une mère courage prête à tout pour sa fille, on suit les jeunes années, les 1ers plateaux télé, les 1ères moqueries, les 1ers succès, les 1ers fans, les quelques désillusions et enfin et surtout les 1ers amours… Le personnage de René alias Guy-Claude, manager, mari et mentor, résume tout ce qui traverse le film et la vie d’Aline : la passion. Valérie Lemercier se plaît à observer cette histoire d’amour en dehors de tous les standards, qui lui sert de loupe pour mieux comprendre ce qui peut traverser l’intimité d’une Aline Dieu. Le film n’a pas tant la prétention de raconter en détail la vie de Céline Dion, mais plutôt de prendre cette vie hors du commun pour exemple et de réussir à comprendre comment, une fois au sommet du succès, on réussit à rester fidèle à soi et à ceux qui ont cru en vous dès le début. L’amour, qu’il concerne sa famille, son mari, ses enfants, son public, sa musique, est un fil rouge qui ne quitte jamais le récit. Évidemment, lorsqu’il s’agit d’amour, le sujet de la famille n’est jamais loin. Autre pierre angulaire du récit, il semblait difficile de raconter Aline Dieu sans évoquer sa famille et ses proches. Qu’il soit frère, mère ou maquilleur, le récit leur attribue une place de choix, on prend le temps de découvrir et apprécier ces seconds rôles de 1er plan, qu'ils soient maquilleur et ami, frère et régisseur, mari et manager. L'entièreté et la loyauté du personnage d'Aline les rend tous acteurs de sa formidable destinée.


La réussite du film tient aussi à sa liberté de ton, c’est avant tout une comédie, qui n’oublie pas décrocher une larme de rire ou d’émotion à son public… La subtilité des dialogues lui confère une justesse et une spontanéité tout à l’image de l’idole qu’il porte à l’écran, il y a toujours un brin de folie, un élément loufoque ou inattendu. On se surprend à rire dans des instants tristes et à pleurer dans des instants drôles. On s’autorise bien évidemment à rire des comportements et des looks improbables de la chanteuse, on s’amuse de ses cheveux trop épais, de ses chicots tordus, de son franc parler, de son accent, de sa spontanéité, sans tout de fois dépasser une limite, celle de la moquerie.


On reprochera cependant au film de dresser un portrait peut-être trop lisse d'Aline Dieu, la voie du succès lui ouvre les bras avec une facilité trop déconcertante pour être crédible. C'est seulement dans la dernière partie du film que l'on entrevoit enfin une facette plus solitaire et contrariée du personnage, jusqu'à cette ultime scène, ou Aline chante Céline et où le personnage se livre à son public à pleine voix. C'est beau, c'est touchant, c'est kitsch et c'est surtout vraiment bien !

pollly
8
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le 6 nov. 2021

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