Comme souvent, un petit préambule, ici concernant le manga : je ne l'ai pas lu. Je ne peux donc pas évoquer la qualité de l'adaptation du matériau d'origine.
Et sinon, le film ? Eh bien, Alita - Battle Angel est un film mutant et affirme cette dualité à tous les niveaux. C'est un film réalisé par Robert Rodriguez mais qui ne peut se départir de l'influence de James Cameron, c'est un film qui parle de cyborgs (mi-humaine, mi-cybernétique), c'est un film où s'opposent 2 mondes : Zalem et Iron City, c'est un film où s’entremêlent influences japonaises et américaines...
Ok, c'est peut-être un exercice qui peut s'appliquer à beaucoup de films mais c'est mon intro, voilà ! :)
30s sur James Cameron, qui aurait probablement réalisé le film lui-même, s'il n'avait pas été occupé sur l'univers d'Avatar (un sujet en or pour lui, de la SF, une femme forte, qui cherche sa place dans le monde, c'est sa marque de "Fabrique" ;) Néanmoins, ce film est quand même un peu lui, par le traitement d'origine (dont Rodriguez a tiré un script), par les caméra qu'il a aidé à concevoir, par la performance capture (pour laquelle il a formé Rodriguez), etc.
Mais ce film, c'est surtout Elle. Elle... avec une majuscule. Elle est la raison d'être de ce film : Rodriguez, Cameron, Rosa, WETA, tous ont œuvré pour qu'Elle soit et Elle... est.
Elle... est belle. Cela ne s'explique pas, c'est à la fois la gestuelle et la voix de Rosa Salazar et aussi un choix esthétique fort (et que je soutiens !) : ses yeux... Aaah, ces yeux..., ils ont fait couler beaucoup d'encre (d'où l'expression ? ^^) mais, non content d'oser adapter un canon esthétique casse gueule des mangas, ces yeux ne sont plus le miroir de l'âme d'Alita : ce sont des portes grandes ouvertes !
Je suis tombé sous le charme de cette créature, faite de 0 et de 1. Mais voilà, la jolie, petite, attendrissante et farouche Alita n'existe pas vraiment. Et pourtant je l'ai trouvé belle. Son humanité et sa candeur m'ont charmé.
Et en femme forte, Alita démonte sévère et les scènes d'action sont top et hyper lisibles et pas cut (ce qui est un bienfait rare de nos jours, surtout sur des combats au corps à corps).
L'esthétique du film est très chouette, notamment la ville d'Iron City, sorte de cyber-favelas et certains corps cybernétiques, celui d'Alita, sorte d’ivoire gravé de toute beauté mais on peut citer aussi celui de Zapan (ce dos !).
Si on devait se poser pour évaluer ce qui empêche ce film de tutoyer de plus hauts sommets encore, on pourrait dire que le scénar semble parfois rusher un peu (en particulier sur l'exposition). On aurait voulu (moi, en tout cas !) 15-20mn de plus, histoire de prendre son temps pour poser l'univers. Et 2-3 plans d'Alita sont un poil moins réussi (la texture, la lumière).
Mais franchement, pour un 1er film en performance capture, et en "enfilant les chaussures d'un autre", je trouve que Rodriguez a fait un très bon boulot. Il a rendu honneur à... Elle