S'il est une qualité que l'on peut reconnaître à All Eyes off me, le deuxième long-métrage de la réalisatrice israélienne Hadas Ben Aroya, c'est le côté gracieux de sa mise en scène, alors que certaines scènes qui se déroulent sous nos yeux ont de quoi interpeller voire embarrasser. C'est que la cinéaste de 34 ans s'interroge sur sa génération, libérée et décomplexée, apte à vivre ses fantasmes et pousser loin les expérimentations, mais aussi peut-être incapable de ressentir des émotions à proprement parler, ou alors artificielles, devant une émission de téléréalité visionnée sur un iPhone, par exemple. Le film, parfois flottant (un verre de vin solitaire, les pieds dans une piscine), parfois frontal (les scènes de sexe), se conjugue au présent, au gré des envies plus ou moins exprimées d'une jeune femme qui sans être en crise semble parfois à la recherche de sa véritable identité. Ce côté irrésolu mais aventureux fait le charme d'un film divisé en 3 parties dont une ouverture, un peu bavarde, dans un groupe qui dresse une sorte de portrait de la jeunesse israélienne, dans ses contours un peu flous mais avec un style direct, sans tabous. All Eyes off me n'a pas peur de pousser les portes de l'intime et de montrer ce qui reste habituellement caché. Conséquence : le spectateur se retrouve par moment en position de voyeur et pas nécessairement heureux d'être là. Mais la réalisatrice, lorsqu'elle semble le plus proche de susciter le malaise, vers la fin du film, nous étonne encore et séduit avec une pudeur qui s'exprime par le silence et qui ressemble à une reconquête de l'équilibre.personnel de son personnage principal, voire à une inattendue épiphanie.

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le 17 mai 2022

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