On attend rarement des slashers qu'ils changent notre vie, ou alors il ne faut pas oublier de remettre sa camisole en sortant du ciné. A ce titre, je doute qu'avoir vu "Mandy Lane" soit réellement une marche importante vers la maturité intellectuelle et critique. Pourtant, cela fait bien longtemps qu'n film de serial killer ne m'avait pas plu au point de me donner envie d'en parler passé le générique.
Qualitativement, le film est très largement supérieur à ses voisins de rayon DVD. Photo superbe, effets de réalisations (notamment les saturations chères à Tony Scott) utilisés avec justesse, casting homogène, on est loin de la moyenne des bouses estivales qui comblent les cinémas de jeunes pubères en quête de sensation. On dirait un vrai film, et c'est suffisamment rare pour être souligné.
Mais ce qui fait de Mandy Lane un film réellement différent, c'est son sens de l'économie et du premier degré. L'ambiance qui s'installe ne doit rien, ou si peu, aux effets habituels du genre : pas de montage épileptique pour figurer la panique, pas de mains qui sortent de nulle part ou de sons stridents pour faire monter le rythme cardiaque.
Même les meurtres se font (presque) sans gore ni violence. Ce groupe d'adolescents libidineux qui passe un weekend dans un ranch isolé se fait massacrer...calmement. N'y voyez rien de clinique, plutôt la volonté du réalisateur de ne pas jouer la surenchère, et de garder leur "humanité" aux massacrés ET au tueur.
Associés à une bande-son joliment discrète, et à un scenario qui laisse aux personnages le temps d'exister et qui installe insidieusement son glauque (excellente scène d'exposition dans la piscine) plutôt que de l'imposer à grandes gerbes de sang, ce "naturalisme" (j'exagère mais je ne trouve pas d'autre mot) offre une bien plus grande immersion que la majorité des films d'horreur récents, et fait de Mandy Lane un très bon cru au milieu d'un océan de coca-cola.
Au point que le twist final paraisse presque superflu.
Dans tous les cas une excellente surprise.