Allan Quatermain et les Mines du roi Salomon par ThierryDepinsun

Ce qui est marrant quand on a été adolescent dans la fin des années 90, c'est qu'on a récupéré l'héritage le plus représentatif de la décennie précédente. C'est grâce à cela que l'on glorifie Indiana Jones, et qu'à nos yeux, le film d'aventure s'inscrit par son biais. Qui pourrait nous en blâmer, Spielberg a le don de savoir raconter une histoire. Et là où on se dit que ces années étaient bénies, on oublie qu'à l'instar d'aujourd'hui, lorsqu'un bon film sort, il est accompagné d'horreurs qu'on oubliera vite, qui nous font dire des idioties telles que "c'était mieux avant, maintenant il n'y a plus que ça, et le cinéma ne vaut plus rien" alors qu'il en a toujours été ainsi. On en retient juste le meilleur lorsqu'il s'agit de le transmettre à la postérité. Mais lorsque la postérité, c'est une bande de passionnés qui essaient de trouver les pépites secrètes du septième art de bas étage, ces oubliées, ces œuvres honteuses que l'on cache finissent par resurgir.

Allan Quatermain et les mines du roi Salomon. Aïe. Ce nom, qui sera plus retenu par les amateurs de littérature (à la sortie du film en 1985, le bouquin fêtait son siècle, et n'en était pas à sa première adaptation), ne doit pas vous dire grand chose, à l'instar du patronyme de celui qui l'incarne, nous faisant rire chaque fois qu'on le prononce : Richard Chamberlain. À l'image d'un Tom Bérenger, l'acteur est arrivé dans le business avec un nom qui disait "Bonjour, je vais faire de la vieille série Z et vous allez vite m'oublier". À ses côtés, Sharon Stone, et John Rhys-Davies qui, non content de ne pas reprendre son rôle de Salah dans Le Temple Maudit, jouera ici celui du méchant arabe. À part dans la dernière croisade, on le perdra un bon moment avant de le retrouver en Gimli d'ailleurs, et les amoureux de ce fantastique acteur de second rôle devront, en quête de le voir un peu plus, se farcir l'intégrale de Sliders. Dur.

Tourné probablement au même moment que le Temple Maudit, puisqu'il n'en plagie rien, Les Mines Du Roi Salomon est une copie conforme des Aventuriers de L'arche Perdue. Quand on dit conforme, c'est peu dire. Les passages repompés sont affreusement vulgaires, allant de la scène de poursuite dans la foule d'un village surpeuplé pour retrouver la fille enroulée dans un tapis (on ne verra, pour notre part, pas de différence avec le panier en osier) aux vilains allemands forçant leur accent pour être crédible (c'était la belle mode, dans les années 80-début 90, de mettre des nazis partout, rappelez-vous The Rocketeer). Le film est un enchaînement de scènes d'actions plus ou moins regardables, toujours médiocre, et ne propose rien d'autre. Il est amusant de constater qu'en général, même la plus immonde pellicule proposée à un public respecte certains codes logiques, comme celui de nous présenter ses protagonistes, le contexte dans lequel ils évoluent, leurs enjeux. Ici, le parti pris est "Tiens, voilà un aventurier, une fille et leur copain noir un peu con (oui, il y a toujours un copain, généralement noir, qui les suit partout en pagne, est inutile jusqu'au moment où ils se retrouvent devant un peuple indigène avec lequel lui seul pourra communiquer, et ne sert avant tout qu'à faire des scènes rigolotes où il a peur devant la technologie. Vas-y film, abreuve nous de tes clichés, tu es divinement drôle), ça c'est le méchant, ils veulent trouver des trésors et y a des nazis. Démerde-toi pour leur inventer une histoire avec ça, de toute façon tu as déjà vu Indiana Jones".

Du coup, pas ou peu de dialogues, aucune empathie. On ne sait pas qui sont les personnages, leurs rapports, et surtout on ne comprend pas ce qu'ils foutent là. On nous ressasse donc de réchauffés scénaristiques sans prendre le temps de soigner la démarche. Les Aventuriers de L'arche Perdue est une meilleure adaptation d'Allan Quatermain qu'Allan Quatermain lui même. Et encore, il y a eu une suite, et un remake avec Patrick Swayze. On vous en reparle vite.