Filmé durant l'été 1947, comme précisé dans un texte inaugural, le film se veut le plus objectif possible sur les conditions de vie des Berlinois dans l'immédiate après-guerre. Nous avons donc des plans saisissants d'un Berlin entièrement ravagé, où chacun essaie de survivre comme il peut, entre trafics et rations, reventes et trocs, à travers les yeux d'un petit garçon de douze ans, Edmund.
Ce dernier essaie de faire subvenir aux besoins de sa famille : un père veuf et malade, alité, une sœur qui sort la nuit et qui fréquente des G.I.'s, et un grand frère, ancien de la Wehrmacht, qui craint d'être retrouvé, et est donc terré dans cet appartement.
Effectivement, avec le recul que nous avons sur l'après-guerre, le film est d'une grande justesse, avec tous les éléments qui sont rationnés, dont le chauffage et l'eau, et sa force est de ne pas en tirer quelque chose de misérabiliste. A ce titre, plus on avance, plus l'histoire va tirer vers une noirceur, toujours vue par ce petit garçon, dont la blondeur lui donne un air angélique, mais qui semble avoir perdu le sourire.
Il en résulte quelque chose d'impressionnant, imputable sans doute au réalisme que recherchait Rossellini au tournage, et porté par des comédiens (amateurs ?) tous formidables.
Je tique juste sur le fait que, les acteurs étant allemands, le film est entièrement doublé en italien, ce qui fait un peu tâche dans une histoire se déroulant à Berlin. Mais en-dehors de ça, c'est un film qui marque, et qui restitue très près la période difficile pour les populations que fut l'après-guerre.