Les toilettes réservées aux femmes ne sont plus ce qu'elles étaient...
L'histoire : Une femme soldat de l'armée américaine (Ann Sheridan), et un soldat français (Cary Grant), forcément coureur, doivent effectuer une ultime mission ensemble dans l'Allemagne occupée de l'après-guerre. Les deux se chamaillent, la femme étant d'un caractère affirmé et taquin, ne se laissant pas impressionner par ce séducteur flegmatique (voire flemmard), un brin dans la lune, et plutôt malchanceux. Quand madame le lieutenant discute taf, si monsieur le capitaine s'en fout et la coupe, elle n'hésite pas à le remettre fermement à sa place, sans jamais briser le lien d'humour qui les unit.
On les suit dans leur mission où la virilité de Cary Grant est bien mise à mal, sans toutefois jamais perdre de son élégance, de sa dignité et de son sex appeal. Et si vous le voyez en VO, vous pourrez l'entendre lâcher un « What the fff ? Oh shhh ! » le plus classe du monde. Il n'y a que lui pour pouvoir faire ça. Et de se demander, inquiet, s'il est aussi séduisant en femme (qu'il l'est en homme). Après déshabillage, le beau Cary retrouvera toute sa virilité brûlante, personne n'en doute, en mode non stop, jour et nuit.
Hawks aux commandes fait voler en éclat les stéréotypes homme dominant/femme dominée, un exercice qui lui plaît et qu'il sait manier, toujours avec classe, drôlerie et tendresse. Hawks ne caricature pas ses deux protagonistes, servi par les interprétations de C. Grant et A. Sheridan. Et s'il fait preuve de féminisme, il le fait non pas en s'indignant du sort des femmes, mais en réclamant le droit aux hommes de s'affranchir des qualités supposées mâles qu'ils devraient revêtir ; comme on peut le voir dans la scène d'ouverture où Rochard (Grant) peine à faire preuve d'autorité, même avec les autres hommes. Il n'en est pas moins homme, peu importe le costume ou l'appellation.
Il y a bien quelques longueurs pendant ce film, mais la finesse de l'interprétation des personnages, qui réussissent à ne jamais se ridiculiser, et leur relation savoureuse les font largement pardonner. Si on ne rit pas aux éclats, l'humour et la cocasserie de cette comédie moderne font sourire souvent.