Un classicisme percutant
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Alors que, depuis une quinzaine d'années, l'artiste semble être boudé par le public et une partie de la critique, l'annonce du nom de Robert Zemeckis à la barre d'un projet, quel qu'il soit, a quelque chose de rassurant. Car il est synonyme d'un savoir faire évident, d'un cinéaste qui garantit une assez haute tenue du long métrage qu'il délivre, d'un véritable conteur. Certains parleront sûrement d'académisme suranné. Or, Alliés, son dernier film, c'est tout cela à la fois, ainsi qu'un hommage, aux accents par instants Hitchcockiens, à un pan de cinéma devenu un peu désuet, aujourd'hui, en comparaison de ce que l'on nous propose.
On pourrait cependant reprocher à Alliés une certaine nonchalance dans sa première partie, celle où il installe ses protagonistes, son histoire d'amour fulgurante et son contexte guerrier baigné du sable des dunes marocaines. Ainsi que l'accent canadien d'un Brad Pitt qui vrille les oreilles et décontenance. En effet. Mais ce serait ignorer, dans le même temps, un scénario ciselé qui pose sur les lèvres de Marion Cotillard nombre de répliques, d'abord à double sens, puis, par la suite, tristement prémonitoires, alors que les soupçons et les accusations sont lancés dans les ombres des sous-sols froids d'une base militaire. Le tout introduit par une plongée dans une cage d'escalier qui semble s'enfoncer dans l'abîme.
Ce serait ignorer, aussi, la complémentarité d'un couple glamour où le charisme un poil figé de Brad Pitt répond à une jolie prestation d'une Marion Cotillard toute en ambiguïté, installée comme l'enjeu principal du film, dessinée par le regard de son amant qui se bat contre les évidences de la grande Histoire. Une grande Histoire qui façonne et secoue un couple brulant en devenir, comme la tempête de sable secoue la voiture où il se consume. Cette scène résumerait presque à elle seule le film. mais se serait se priver d'autres très jolis morceaux de cinéma, comme ce bombardement nocturne se terminant sur la chute d'un aéronef, cet accouchement sous les bombes, ou encore cette fusillade marocaine intense auxquelles Zemeckis insuffle souffle et maîtrise.
Cependant, ceux qui se déplaceraient pour voir un véritable film de guerre en seront pour leurs frais. Car Alliés est avant tout une histoire d'amour où brille Marion, dessinée hors champ via le doute, les questionnements et l'amour que lui porte Brad. La nature du personnage féminin y est constamment remise en perspective quant à son apparence, quant à sa capacité à tromper et à jouer sur les sentiments, autant ceux qu'elle éprouve que ceux qu'elle suscite. Robert Zemeckis tourne alors sa caméra vers une fin inéluctable et touchante, apaisant le rythme de la deuxième partie de son film. Elle permet aussi de mesurer l'évolution de son personnage féminin, passé, à l'image, de la femme fatale manipulatrice à l'apparence de l'épouse modèle sur laquelle les yeux de Max Vatan se posent, entre doute et amour, alors qu'elle est encore endormie dans le lit conjugal. Se posant ainsi la question de savoir s'il ne passe pas ses nuits avec son ennemi.
De Beauséjour à Vatan, cette femme aurait-elle changé plus que son simple patronyme ?
Behind_the_Mask, qui cherche le colibri.
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Créée
le 27 nov. 2016
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