Le pamphlétaire Yves Boisset ne pouvait assurément pas passer à côté du roman de Yves Gibeau. Pourfendeur des institutions bourgeoises et fascisantes, Boisset exerce sa virulence antimilitariste sur une école militaire charger de dispenser aux enfants de troupe les vertus du devoir, de l'obéissance et du patriotisme. Livré les poings liés (et ce n'est pas seulement une image) par son père, un ancien combattant de 14-18 nostalgique de la discipline qui ambitionne d'en faire un officier, l'adolescent rêveur Simon découvre la violence et la bêtise de l'uniforme et du casernement.
On sait que Boisset se laisse souvent emporter par ses convictions et ses indignations; mais il n'est vraiment pas certain que le ramassis de galonnés (à l'exception de deux officiers intelligents et plus cultivés sans doute), apôtres de la discipline et des lieux communs nationalistes qui oeuvrent à l'instruction de trop jeunes conscrits, fasse l'objet d'une caricature... Il est vrai qu'aucun des personnages n'est nuancé et qu'à certains moments le sujet aurait mérité une approche plus subtile, plus insolente aussi.
Au-delà d'un système éducatif scandaleux et dégradant, et de l'anecdotisme déplorable de la vie de caserne, Boisset oppose l'univers de l'adolescence à une société brimante, victorieuse par la force, dont le père Chalumot (excellent Jean Carmet), indigne et réac, est, parmi d'autres, la ridicule émanation.