Il y a des temps immémoriaux, figurez-vous que l'homme n'allait pas chercher sa pitance sous vide et halal chez Carrefour. Il y avait bien quelques Mammouth (c'était il y a un peu moins longtemps, me direz-vous), mais il passait le plus clair de son temps sur des routes signalées par des tas de cailloux taggés pour traquer le bison.
Si, c'est vrai ! C'est dans Alpha !
Même qu'il y a le fils du chef qui se prend un coup de corne et qui se fait jeter dans le vide par un animal un peu plus intelligent que la moyenne. Il s'agissait sans doute de Bison Futé...
Le reste, cher abonné, je pense que tu l'as vu dans la bande annonce. J'irai donc droit au but.
Alors, si tu cherches du survival tendu à la Revenant, ou encore une "reconstitution" de la préhistoire comme dans La Guerre du Feu, passe ton chemin, amigo. Car tu seras à l'évidence déçu et amer de perdre une heure trente de ton temps. Même plan pour la troidé : économise tes pesos durement gagnés, cela vaudra mieux, tellement le procédé n'apporte rien.
Ainsi, à l'exact opposé de ce que certains semblaient attendre, Alpha s'inscrit dans la longue lignée de l'histoire d'amitié made in Disney, du genre que le loup grogne le temps d'un plan avant de venir faire des papouilles pendant le reste du film.
Notez que sans doute certaines personnes pourront apprécier, d'autant plus que la fin est tchoupi. Cette orientation, certes d'un certain simplisme, n'est pas le principal défaut de cet Alpha, de facture honnête, fournissant quelques jolies images et décors (la montagne sous la neige fait toujours son petit effet) et permet d'avoir quelques nouvelles d'une partie du tandem Hughes, que l'on n'avait pas vu au cinéma depuis Le Livre d'Eli. Cela fait toujours plaisir, surtout après huit ans..
Mais il est moins pardonnable de voir l'oeuvre démarrer de manière un peu molle et inspirer autant de détachement poli jusqu'aux premiers frimats. Pas que ce soit honteux ou mal fait, mais il manque simplement un nécessaire souffle épique propre au genre abordé, ainsi que des péripéties ou une violence un peu plus frontale. Alpha est gentillet, se suit sans trop de heurt, mais manque cruellement d'âme pour convaincre franchement des ressorts de son récit initiatique et de son histoire d'amitié proprette. Un peu de hargne, de coeur, de survie allant au delà de la simple quête de la pitance n'auraient pas été superflu.
En l'état, Alpha ne pourra donc s'envisager que comme une oeuvrette oubliable, loin de l'épopée qui était envisageable, à l'image de son loup, qui se transformera instantanément en ancêtre de notre canis familiaris, celui que les mémés shampoings promènent au bout de leur laisse chaque matin.
Sympa sans plus, malheureusement, Alpha laisse un goût de trop peu. Dommage.
Behind_the_Mask, pas forcément alpha, mais plutôt bêta.