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Tu vois ce moment où tu regardes ton chien dormir et tu te demandes comment tout ça a commencé ? Alpha, c’est ce flashback-là. Le tout premier « good boy » de l’humanité, né sous la lune glacée d’un monde où un clignement de paupière pouvait signer ta fin. C’est un conte sans fioritures, qui s’adresse à l’instinct plus qu’à l’intellect. Un poème minéral où la tendresse naît dans la boue, la peur et le hurlement des loups.
Albert Hughes ne cherche pas à faire parler ses personnages : il préfère faire crier le vent et danser les ombres. Chaque plan donne envie de s’inscrire à un cours de peinture sur neige ou de partir en retraite avec Werner Herzog. Le garçon (Kodi Smit-McPhee, translucide, comme s’il avait grandi dans une grotte et lu Kafka à la bougie) traverse des paysages d’une beauté à gifler la Joconde. Il ne parle presque pas. Il marche. Il saigne. Il apprivoise. Et petit à petit, il nous apprivoise.
Le loup, lui, n’a pas de nom. Et pourtant il devient inoubliable. Mi-ennemi, mi-frère – comme une version préhistorique de Clint Eastwood en fourrure – il incarne ce mystère animal qu’on devine toujours à deux doigts de nous mordre… ou de nous sauver. La relation entre ces deux âmes solitaires est filmée avec une délicatesse de calligraphe zen. Pas besoin de dialogues : tout est là, dans le regard, la distance, le pain partagé, l’épaule offerte.
Le scénario ? Disons qu’il tient sur une pointe de sagaie. Classique, balisé, un poil téléphoné. Mais est-ce bien ce qu’on cherche ici ? Ce film, c’est plus une sensation qu’un récit. Un ressac archaïque. Une naissance. Le moment où l’homme, en perdant sa peur, a gagné un allié. Alpha, c’est peut-être le premier buddy movie de l’histoire de l’humanité. Sans vanne.