Ah, le Vatican... ses fresques, ses mystères, ses conclaves... et ses intrigues plus tordues qu’une saison de House of Cards. Conclave, réalisé par Edward Berger, se présente comme un thriller feutré où les cardinaux, sous couvert de prières, jouent aux échecs avec la papauté.
Il faut dire que la mise en scène de Berger (celui-là même qui nous a offert À l’Ouest, rien de nouveau) n’y va pas de main morte : une lumière diffuse qui caresse les dorures du Vatican, des couloirs où chaque murmure semble dissimuler un secret d’État, et une ambiance générale où le silence pèse plus lourd que les paroles. On sent la tension, la solennité… et un soupçon d’opportunisme chez certains personnages qui, on ne va pas se mentir, lorgnent plus sur la tiare papale que sur la pureté spirituelle.
Parlons du casting. Ralph Fiennes, impeccable, livre une prestation mesurée mais vibrante, à la fois observateur et acteur de cette guerre feutrée. John Lithgow, quant à lui, injecte une subtilité insoupçonnée dans son rôle de cardinal aux nerfs d’acier. Et puis il y a Stanley Tucci, qui excelle toujours dans ces rôles de stratège aux répliques bien senties, regard perçant et sourire en coin. On se surprend même à penser qu’un complot vatican-responsable-de-tous-les-maux-du-monde ne serait pas si improbable avec lui.
Mais soyons honnêtes : Conclave est un film qui exige patience et concentration. Ce n’est pas une œuvre qui vous attrape au col pour vous secouer dans tous les sens. Ici, tout est question de tension latente, de regards qui en disent long et de messes basses qui résonnent comme des ultimatums. Certains crieront au génie, d’autres s’ennuieront ferme. C’est un peu comme une messe en latin : fascinant pour les initiés, soporifique pour les autres.
En tout cas, une chose est sûre : ce film ne laisse pas indifférent. Et si l’Église repose sur des dogmes immuables, le cinéma, lui, aime bousculer les codes. Et ici, entre foi et ambition, Conclave nous rappelle que parfois, Dieu lui-même doit patienter pendant que les hommes se disputent son trône.