En cas de visionnage adolescent, Alpha Dog a probablement tout pour plaire : un fait divers choc en guise d’inspiration principale, une atmosphère faussement cool et sa galerie d’interprètes vendeurs… son dénouement tragique parachevant enfin la claque. Le long-métrage de Nick Cassavetes, alors récemment « consacré » par The Notebook, nous fait miroiter tout cela : le passage du temps a toutefois fait son œuvre, l’ensemble de ses atouts initiaux s’avérant à double tranchant.
Il pâtit de fait d’une dichotomie troublante avec d’un côté son cadre californien, ses gangsters en herbe s’épanouissant à l’ombre d’une parentalité laxiste (doux euphémisme), un danger refoulé au maximum et largement amoindri par l’ineptie chronique de ses protagonistes… et donc, de l’autre côté, la réalité cruelle d’une mise à mort sidérante à tous les niveaux. Il est donc difficile de souscrire à pareil crescendo, quand bien même l’histoire attesterait de sa véracité : sur ce point Alpha Dog, dont le titre est révélateur de la chose, frise la faute de goût.
À l’instar d’un Jake à fleur de peau (Ben Foster s’en sort étonnamment bien), le film ira de son lot de suspects et témoins (parties tenantes d’une narration sans subtilité aucune) plus ou moins douteux, nombre d’entre eux flairant venir la catastrophe sans trop y croire. Nous non plus. Ses interviews introductive et conclusive soufflent aussi le chaud et le froid, celle d’un patriarche presque moqueur paraissant disproportionnée à l’aune du désespoir d’une mère détruite, laquelle nous touchera tout en mettant en lumière le paradoxe de ton constituant le récit.
Avec sa distribution truffée de belles « gueules », Alpha Dog confine donc à la circonspection : s’il semble assez bien respecter une réalité ahurissante, ses choix en termes d’atours, d’ambiance et de narration le desservent à tel point qu’il y aura trop perdu en crédibilité… pourtant condition sine qua non à sa réussite.