The long goodbye

Je suis très client de ces documentaires consacrés à l'oeuvre complète d'un réalisateur, qui ont commencé à proliférer ces dernières années (De Palma, Spielberg, Polanski, Linklater...).
Toutefois, "Altman" ne s'inscrit pas parmi les plus grandes réussites du genre : 8 ans après le décès du cinéaste, le canadien Ron Mann signe un hommage documenté et intéressant, mais pas un film passionnant.

Comme de coutume, on parcourt la longue carrière de Robert Altman à travers des images d'archives, des extraits de films et des témoignages de proches (sa femme Kathryn Reed Altman est la narratrice principale).
Mais on ne saura pratiquement rien de la jeunesse d'Altman, le récit débutant à son retour de la guerre, lorsque le futur cinéaste tourne des films institutionnels, puis travaille sur des séries pour la télévision (c'est par ce biais qu'il rencontre son épouse Kathryn, comédienne).

Ensuite, la narration reste trop distanciée à mon goût : on nous dit l'essentiel, Altman artiste indépendant, volontiers rebelle, avec quelques anecdotes à la clé, mais ne comptez pas sur "Altman" pour une analyse en profondeur de son objet.
On ne s'arrête ainsi que sur une poignée de films, au premier rang desquels "M.A.S.H." évidemment, qui lance de façon spectaculaire la carrière d'un homme ayant déjà atteint un âge vénérable.
Parallèlement, les extraits de film restent trop rares et trop brefs, pas forcément marquants ni éclairants.

Ron Mann choisit de structurer son film autour de prestigieux invités, chacun donnant sa définition du terme "altmanesque", qui vient souligner une caractéristique du grand homme, correspondant à un moment de son existence.
Cela reste toutefois une curieuse idée de "déranger" ces monstres sacrés (PTA, James Caan, Julianne Moore, Bruce Willis, Robin Williams...) pour dire un mot, et un seul, sans l'ombre d'un développement. Ces témoignages auraient justement pu donner de la chair à ce docu qui en manque cruellement.

J'ai pas mal glosé sur les défauts de "Altman", mais le film de Ron Mann constitue malgré tout un vrai bon moment, a fortiori lorsqu'on est un admirateur du cinéaste originaire de Kansas City.
En toute logique, vous sortirez du visionnage avec une forte envie de voir ou revoir un certain nombre de classiques du maître, parmi la quarantaine de titres que compte sa riche filmo.
C'est précisément l'une des raisons qui me poussent à plébisciter ce genre de documentaires...