Revoir le chef d’œuvre de Forman est un miracle toujours renouvelé : il est facile d'oublier devant la réussite de cet "Amadeus" qu'il s'agissait de l'un des paris les plus risqués depuis bien longtemps, un film cher et luxueux sur Mozart, qui ose la trivialité et le désordre, mais réussit à atteindre la grandeur de la tragédie. Forman a choisi de représenter Mozart comme une sorte de punk rocker du XVIIIè siècle, sans que ce portrait ne paraisse jamais démagogique ou puéril. Mais le véritable triomphe du film est le personnage de Salieri, qui nous permet de comprendre ce qu'est le génie (Époustouflante scène de composition du requiem), mais aussi son absence : la question fondamentale est bien de savoir si nous pouvons apprendre à être reconnaissants du bonheur d'autrui, ce qui est peut-être la plus belle démonstration de sainteté ! [Critique écrite en 2004]