La vie d'un village italien sur la côte est de l'Adriatique (Rimini ?), à l'époque fasciste. On suit en particulier, à travers une galerie truculente de personnages, un collégien, Titta ; sa bande de copains, qui fantasment tous sur Gradisca, une belle femme.


Volpina la Marie-couche-toi-là (un des personnages féminins les plus effrayants de l'histoire du cinéma). Le père, entrepreneur dans le bâtiment, et ses engueulades mémorables avec la mère, Miranda. Les tours joués aux professeurs. L'érudit du village, qui parle face-caméra. Le clodo du coin, qui fait de même, mais de manière moins fine. Les fascistes. Des femmes (notamment la boutiquière au large corsage qui fait la tête d'affiche, alors que son rôle est passager). L'oncle fou, qui monte en haut d'un arbre, y reste tout l'après-midi en criant "Je veux une femme !", et que seule une religieuse naine peut faire descendre. Le tombeur mélancolique. Bon, le final avec le mariage de Gradisca et son ambiance d'adieux est un peu convenu, mais foutre !


Bien des gens, qu'on quitte avec l'impression de les avoir connus.


Je m'attendais à un film difficile d'accès, fellinien en diable, et je me retrouve avec une chronique de souvenirs d'enfance, mélancolique et touchante, dans l'Italie rurale (et fasciste). Une réflexion sur le temps qui passe, sur la nostalgie perdue de l'enfance. Une atmosphère de chronique, où l'on ne s'attache pas vraiment à un personnage ; où le personnage central, c'est la communauté.


Tout le segment sur la masturbation est subtil d'un point de vue cinématographique. A noter une scène de branlette cocasse (et collective) dans un garage.


Le fascisme est représenté de manière assez allégorique (ces personnages qui courent de plus en plus vite, et peinent à monter un escalier pour être pris en photo. Il y a un segment sur les pressions policières, mais ce n'est pas trop appuyé.


Si parfois, j'ai l'impression que Fellini se perd dans ses films, ici j'ai l'impression d'une maîtrise de bout en bout, longuement mûrie. Oh, on pourrait pinailler sur quelques transitions où l'étalonnage des couleurs n'est pas raccord, mais ce serait juste pour faire l'intéressant et se réserver une petite part de distance critique, juste le minimum vital.

zardoz6704
9
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Italie rurale

Créée

le 18 sept. 2021

Critique lue 147 fois

zardoz6704

Écrit par

Critique lue 147 fois

D'autres avis sur Amarcord

Amarcord
Pravda
10

Grazie Federico

Que dire si ce n'est que je n'ai pas envie de noter ce film sans vous raconter à quel point je l'ai aimé ? Fellini m'a déjà plu. Avec la Dolce Vita ou La Strada. Roma m'a grandement intéressée. Mais...

le 21 juil. 2014

39 j'aime

Amarcord
Docteur_Jivago
10

L'hiver qui meurt

Amarcord ou "Je me souviens" en dialecte de Romagne. Un titre qui va à merveille avec cette oeuvre de Federico Fellini où le cinéaste italien évoque sa jeunesse dans l'Italie fasciste...

le 12 juil. 2017

34 j'aime

2

Amarcord
Theloma
9

Je me souviens d'Amarcord

Je me souviens avoir vu Amarcord quand j’étais lycéen Je me souviens que j’avais l’âge de Titta et de ses copains Je me souviens qu’Amarcord veut dire « Je me souviens » Je me souviens de la prof de...

le 19 mai 2019

32 j'aime

10

Du même critique

Orange mécanique
zardoz6704
5

Tout ou rien...

C'est ce genre de film, comme "La dernière tentation du Christ" de Scorsese", qui vous fait sentir comme un rat de laboratoire. C'est fait pour vous faire réagir, et oui, vous réagissez au quart de...

le 6 sept. 2013

56 j'aime

10

Black Hole : Intégrale
zardoz6704
5

C'est beau, c'est très pensé, mais...

Milieu des années 1970 dans la banlieue de Seattle. Un mal qui se transmet par les relations sexuelles gagne les jeunes, mais c'est un sujet tabou. Il fait naître des difformités diverses et...

le 24 nov. 2013

43 j'aime

6

Crossed
zardoz6704
5

Fatigant...

"Crossed" est une chronique péchue, au montage saccadé, dans laquelle Karim Debbache, un vidéaste professionnel et sympa, parle à toute vitesse de films qui ont trait au jeu vidéo. Cette chronique a...

le 4 mai 2014

42 j'aime

60