C'est pas parce qu'on a rien à dire qu'il faut poser son drone

Très frustré par le confinement du coronavirus, Michael Bay voulait une fois libre de ses mouvements se lancer au plus vite dans la production d’un nouveau film. Si possible quelque chose de relativement rapide à tourner. Et voilà « Ambulance », le remake d’un film danois de 2005, un projet non concrétisé depuis les années 2010.

Le pitch est simple : deux braqueurs sont en fuite dans une ambulance, après un vol qui a mal tourné. Également à bord : un flic blessé, et une infirmière qui tente de la maintenir en vie coûte que coûte.

Je dirai qu’il y a deux manières d’aborder le film. Soit le voir comme un film d’action lambda. Soit l’apprécier au travers du prisme de la carrière de Michael Bay, autrement dit par la politique des auteurs. Et n’en déplaise à ses détracteurs, Michael Bay est bel et bien un auteur. Ayant un style propre, et un contrôle très fort sur ses projets. La deuxième option apparait donc comme une évidence !

Alors, quid de « Ambulance » ? Depuis une décennie, le réalisateur alterne les grosses machines à plus de 150 millions de dollars, et les projets plus modestes à quelques dizaines de millions. « Ambulance » fait clairement partie de la seconde catégorie, avec « seulement » 40 millions de dollars de budget.

Pour autant, le film se veut tout feu tout flamme, enchaînant les poursuites et les cascades bien réelles. S’il faut avouer que l’ensemble arrive à maintenir un certain rythme, et propose quelques séquences sympatoches, il subit les travers habituels de Michael Bay. A savoir une gestion douteuse de l’espace, et un torrent d’images qui nous est envoyé à la tronche. Rendant plusieurs scènes peu lisibles. Et rinçant le spectateur qui a tenu 2h15 (durée par ailleurs beaucoup trop longue pour ce que le film raconte !).

Par ailleurs, l’écriture n’est pas des plus adroite. Les touches d’humour en particulier, ne fonctionnent pas très bien. De même que le final, assez lourdaud. Michael Bay a également tenté de se mettre à la mode du méta, les personnages citant explicitement ses propres films !

Néanmoins, il faut souligner que « Ambulance » est moins beauf et clipesque que ce à quoi le réalisateur avait pu nous habituer. Peu de vulgarité, pas de popotin en string qui se trémousse en gros plan. Et pas d’abus sur les couchers de soleil. A la place, le réalisateur expérimente avec les drones, la mode du moment. Souvent c’est relativement gratuit, et ces images mobiles ne font que s’ajouter à la confusion du montage. Mais il faut reconnaître que certains plans au drone font un petit effet.

Enfin, question interprète, les trois acteurs principaux font un job tout à fait correct. Et ont même le droit à un peu de développement. Jake Gyllenhaal en braqueur charmeur au passé violent. Yahya Abdul-Mateen II en ex-militaire au grand cœur. Eiw Gonzalez en infirmière froide et déterminée. Je ne serai pas aussi indulgent sur les deux personnages de flic, ni attachant ni intéressant.

A l’arrivée, une « Ambulance » pas terrible mais pas déshonorante non plus, qui se situerait même dans le haut du panier de la carrière du réalisateur. Sauf que comme la plupart des films d’auteurs (si si !) sortis en 2021/2022, « Ambulance » fut un gros four en salles, avec seulement 50 millions de dollars de recettes internationales…