Samah
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le 8 oct. 2023
Mehdi Hmili signe un film très personnel, dont la plupart des scènes proviennent de son vécu et de celui de sa mère. C’est donc tout d’abord un film très courageux qui nous vient de Tunisie où l’auteur ose faire un autoportrait tout sauf flatteur. Le film commence comme une chronique naturaliste sur une mère et son fils dans un petit appartement où les rats sont déjà en train d’envahir le cocon familial. On sent l’héritage des frères Dardenne et le film manque un peu de relief et d’audace dans son introduction. On retrouvera souvent la caméra à l’épaule, notamment pour la quête de la mère, efficace mais un peu programmatrice. Le récit dérape lors d’un viol qui conduit à l’incarcération d’Amel. La misogynie du gouvernement et de la société tunisiennes éclate au grand jour et le film ne cessera jamais de nous en faire voir les pires excès.
La grande force du film est évidemment ce lien puissant entre Amel et son fils. Dès qu’elle est mise en prison, on assiste à la déchéance du fils, qui sombre vite dans la délinquance et la prostitution, après avoir perdu celle qui le guidait et l’aimait plus que tout. Après une ellipse de 6 mois, le film accorde autant de temps au parcours de la mère pour retrouver son fils qu’à celui de ce dernier. Ils vont subir tous les deux la violence et des humiliations à répétition. Le réalisateur saisit bien l’ambiance nocturne de la ville de Tunis et ses quartiers défavorisés, faits de cabarets et d’endroits désafectés. Les contrastes entre le noir des vêtements et de l’architecture avec la lumière chaude des éclairages et de la photo sont assez splendides. L’enquête de la mère, toujours en retard sur les traces de son fils, est passionnante et intense, entre avancées et reculs successifs, tandis que la descente aux enfers de son fils s’avère captivante et éprouvante.
Oui, la violence est souvent insoutenable et son omniprésence (verbale, physique, sexuelle) glace le sang quant au sort des femmes et des jeunes dans la société tunisienne. La violence que subit ou à laquelle assiste le jeune Moumen peut agacer par sa répétition. Cependant, le réalisateur maintient un parfait équilibre entre ces scènes très dures et des moments suspendus, faits de douceur et d’abandon. Les scènes de danse, notamment, sont prodigieuses et permettent aux personnages, au spectateur et au film de respirer, avec un éclairage minutieux, un cadrage malin et une caméra toujours à bonne distance. Hmili soigne aussi les relations d’amitié des deux protagonistes, qui leur permettent de tenir bon : Amel (la formidable Afef Ben Mahmoud) et sa collègue de travail, soudées comme jamais ; Moumen (le magnétique Iheb Bouyahia) et son ami gay dj et dealer, fusionnels sans ambigüité.
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Créée
le 10 mai 2023
Critique lue 58 fois
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