Amer béton
7.7
Amer béton

Long-métrage d'animation de Michael Arias (2006)

Alors, les tenebres que tu vois sont à la hauteur de ce que tu attendais?

On comprend très vite au début du film que la vie n'a pas epargné les deux orphelins, protagonistes principaux de "tekkonkinkreet". On comprend assez vite également que puisqu'elle a commencé, elle ne va pas s’arrêter en si bon chemin.


Je suis un admirateur invétéré (euphémisme) des films de Miyazaki, où il n'y a généralement ni de méchant désigné ni de gentil, mais qui réussissent l'exploit de te faire vivre des émotions et voyager (Petite pub au passage pour ce réalisateur de génie! =p). Amer Beton, c'est tout le contraire d'une œuvre de Miyazaki: le chara design est laid, on le prendrait pour l’œuvre d'un gamin de 7 ans atteint de Parkinson, pas de scène contemplative ni de paysage verdoyant à perte de vue et il y a bien la présence de méchants avec gravé sur leur front: "je suis le méchant du film"...quoique l'encre utilisée semble s'enlever à l'eau. =)
Malgré toutes ces différences, cela ne l’empêche pas d'être un œuvre plus qu'appréciable. L'aspect qui me plait le plus dans les films d'animation, c'est que le processus de création part de zéro pour nous faire ressentir la vision de l'auteur. Le design des personnages, leur visage, l'atmosphère,...C'est pourquoi quand on voit le détail et le soin apportés aux décors comparés à l'apparente laideur des personnages (ils me font penser à Tom Tom et Nana de J'aime lire, clin d’œil à ceux de ma génération ;) ) on ne peut que penser que c'est voulu. Car tout n'est que dualité dans cet animé: les personnages se nomment Blanc et Noir, on nous rappelle sans cesse la cruauté des biens lotis/l'humanité des démunis, la froide et grise réalité/l'imagination débordante et colorée d'un enfant, les ténèbres/la lumière...le bien/le mal. Et comme dirait Michel Sardou: "c'est jamais noir ou blanc mais d'un gris différent", la complémentarité entre Blanc et Noir est aussi au cœur des considérations. Plus qu'une complémentarité, c'est la notion d’équilibre qui est mise en avant: Blanc à autant besoin de Noir que inversement. Car chacun possède ce dont l'autre manque: la pureté et l'innocence contre l'esprit et la force (voir l'obsession de la violence). Que se passerait-il si on les séparait?


On se doute bien qu'autant de notions antagonistes constituent le terreaux idéal à la réflexion, l'animé devient poésie et philosophie (je devrais peut être me lancer dans la littérature moi :p). Laissons les chamailleries de rue de coté, les histoires de perdant ou de gagnant aux billes de cour de récré, ici nos deux gamins ont des préoccupations d'adultes...de yakuzas adultes même. Il est question de control de territoire,de club de strip tease, bref on joue dans la cour des grands. C'est là où cet animé est assez dur, car ils restent des enfants. La violence et le sang dans les animés, c'est pas nouveau, mais cet animé se veut réaliste dans le ressenti, macabrement réaliste. Car l'ombre de la mort plane sur Treasure town, et elle fini à un moment ou un autre par frapper. Et la mort vue/ressentie/causée par et à travers des enfants ça fait toujours réfléchir. Et réfléchir c'est bien...il paraît.


Donc autant dans le fond que dans la forme Amer Beton dérange. Il ne s'agit pas d'un animé léger traitant de la vie de deux adolescents insouciants. Quand la seule réplique que tu retiens d'un animé est "La seule chose dont on ait vraiment besoin c'est l'amour", tu te doutes bien que tu es passé par quelques émotions en le regardant. Voilà, donc si ça t'intéresse de voir comment ce monde cruel fait pour noircir le cœur d'enfants presque innocents, regarde le!
Sinon si tu préfères la vision apaisante d'étendues sauvages et verdoyantes, tu peux toujours jeter un oeil à ce que fait Myazaki! (bien que je doute que ça ne soit pas déjà fait =p)

Créée

le 3 sept. 2017

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