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le 20 oct. 2013
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Quand Lester Burnham perd son emploi, son existence en est bouleversée au point de déclencher une crise de la quarantaine d’une extrême virulence. Elle va prendre une ampleur encore plus puissante à la rencontre d’Angela, une camarade de sa fille, dont la beauté est ravageuse.
D’emblée, Lester (Kevin Spacey) nous dresse un tableau assez sombre de son existence. En totale roue libre pour effectuer les actions de la vie de famille et de la vie professionnelle, il est profondément apathique et seule sa branlette quotidienne semble lui procurer un peu de joie. S’il a tout d’un loser le reste de son entourage ne vaut guère mieux. Sa femme est une garce hystérique qui peine à démarrer sa carrière d’agent immobilier. Pleurant de son insuccès dans le métier, elle s’avère de retour chez elle tout aussi minable dans son rôle de mère en imposant une discipline quasi-militaire. La fille est une adolescente désabusée et associable. Un lien évident avec l’échec de la génération passée qui perpétue ses dérives comme un héritage empoisonné. On reste tout de même centré sur le cas inquiétant du père autrefois condamné à la morosité, mais qui trouve une seconde jeunesse en cherchant à séduire une ado pom-pom girl. Le désir du père pour une relation interdite avec Angela est symboliquement représenté avec les roses. La fleur en question apparaît en effet à différents moments clés du film, mais souvent dans un état onirique pour souligner le fantasme auquel Lester est empreint. Soit une rose délicate qui peut séduire, mais avec des épines contre lesquelles on peut se piquer si on la touche.
Le présent métrage est une représentation d’une mouvance qui se perd, celle où on aimait célébrer des situations peu flatteuses et politiquement incorrect de la société. Il s’agit de s’attaquer à cette Amérique des années 2000 et de dissiper l’écran de fumée autour du mythe de l’American Dream. Un mot-valise avec un certain poids puisqu’il correspond aux nombreuses raisons qui poussent les gens à rêver de la vie à l’américaine comme s’il s’agissait d’un bonheur parfait. Or, la famille dépeinte dans le film n’est en rien enviable et ceci pour dénoncer la fausse image modèle de la sacro-sainte famille heureuse. La relation conjugale du couple Burnham a depuis longtemps explosé contre le mur de la vacuité, la question du sexe se situant à la primauté de la plupart des tensions. Puis il y a toutes les crises renfermées et qui constituent un facteur d’explosion. C’est notamment le cas des regrets au moment de faire le bilan d’une vie à mi-parcours, l’impression de ne pas avoir vécu pleinement bloqué par l’objectif illusoire d’atteindre le fameux American Dream.
American Beauty illustre parfaitement ce besoin parfois dévorant de ne pas être ordinaire. Dans son essai « Cahiers pour une morale », Jean-Paul Sartre parlait d’existentialisme avec sa fameuse formule philosophique « l'existence précède l'essence » pour signifier que l’homme commence par exister puis est défini par la somme de ses actes. Mais c’est à la condition d’une existence libre afin de déployer tout son potentiel créatif et subjectif. La thèse à apporter au film par rapport aux propos de Sartre, c’est que l’American Dream provoque un mode de vie aseptisé qui conduit à l’aliénation au sens philosophique du terme d’un individu. Lester, le personnage principal, est d’office étiqueté comme « homme-moyen » et cherche alors à s’échapper du piège de la classe moyenne mais aussi de tous les éléments qui provoquent cette vie inauthentique dont il ne veut plus.
Malade de son angoisse existentielle, Lester va planifier l’évasion de cette prison qu’est la vie de famille et nous inviter par la même occasion au cœur de toutes ses dérives. Quelles options restent-ils pour cet individu qui rêve d’émancipation et de liberté ? Les rapports sociaux et familiaux se concluent par des échecs alors Lester adopte un autre rêve, celui de séduire Angela. Une poursuite hystérique dans le but pathétique de nourrir une relation interdite et peut-être de se sauver de la vacuité de son existence. Pourtant, c’est sa propre mort qui le libère de ses tourments. Faute de ne pouvoir déjouer son destin morne il accepte de se délester de lui-même.
American Beauty, en tant que film philosophique, permet de dissiper l’écran de fumée autour du célèbre American Dream. Sam Mendes élabore une œuvre satirique et cinglante à l’encontre de ce mythe principalement en analysant la vie de Lester en guise de sujet moderne. Il est question d’égratigner la grandeur d’un empire en fouillant derrière ses façades un peu trop resplendissantes.
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Créée
le 27 nov. 2020
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