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Premier long-métrage de Sam Mendes, "American beauty" permet au cinéma hollywoodien de retrouver la verve qui était la sienne dans les années 70, empruntant au cinéma indépendant sa liberté de ton et...
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le 20 oct. 2013
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Le prof de philo : tu te vois comment plus tard ? Tu rêves de quoi ?
L'élève répond : Rien de grand, je veux ma baraque, des grandes pièces, deux garages, un jardin, une femme, des enfants, des belles voitures, des trucs simples quoi ! C'est ça la vie.
De nouveau le prof : C'est tout ? C'est ça ton rêve dans la vie ?...(désabusé)
Plus de cinq ans que j'ai quitté le lycée et ces heures de philosophies perdues à lire Hobbes et Rousseau. Pourquoi alors, au visionnage d'American Beauty cette situation aussi banale soit-elle d'un cours de philosophie est revenue, au galop, passant de synapses en synapses ?
Car, cet échange, c'est American Beauty. Cette représentation quasi destructrice de cet American dream qui n'est au final qu'un idéal matérialiste fait d'apparence et d'impossibilité. Qu'est donc ce rêve où l'homme n'est plus qu'un pantin visant à avoir la plus belle voiture, la plus belle maison. Voilà ce qu'est l'American Dream ou l'American way of life qui serait peut-être même plus approprié. Ce rêve si limité qu'il en vient à crucifier les vrais espoirs, les vraies attentes d'une vie, qui en vient bêtement et simplement a tuer l'existence.
Trop longtemps je suis passé à côté de chef d’œuvre de Sam Mendes. Cette mise en lumière du destin sinistre d'un rêve bien trop limité pour être une vie.
Mise en scène magistralement par Sam Mendes, qui en l’occurrence, livre certainement l'un des films les plus dramatiques des dernières décennies, American Beauty est la destruction pure et simple de l'idéal américain. C'est une critique sans appel de cette société d'apparences (qui n'appartient pas qu'aux américains d'ailleurs), de cette société matérialiste dirigée par le profit. Mais aussi, tout simplement un uppercut en pleine face à bon nombre de personnes : c'est bien, tu as ta maison, ton salaire, ta voiture, tes deux garages et ta Mercedes, mais qui es-tu ? As-tu simplement une vie ? Vis-tu ? Que pourras-tu raconter dans 30 ans à tes petits enfants à part des aller-retour boulot-dodo et une vie sans relief ?
Rien. Personne ne se préoccupe de toi d'ailleurs.
Affolant de puissance, l'oeuvre de Sam Mendes est presque intemporelle tellement elle reste vivace. Cette construction méthodique rend le tout oppressant. Kevin Spacey est MA-GI-QUE ! Fabuleux. Difficile même de qualifier une telle prestation tellement elles sont rares. Ce mec est grand. GRAND.
Ce personnage bloqué dans sa petite existence et qui va dire merde à toute une société, à sa femme, à sa fille, pour vivre, pour enfin exister (qui fait quelque peu penser à la scène de la Colline des Hommes Perdus où King emmerde toute l'institution militaire) et qui va s'extasier simplement sur un "Vous allez bien ?" résume le film. Fabuleux. Le reste du casting n'a même plus besoin d'exister. Kevin Spacey suffit. C'est à l'image de The Truman Show où Jim Carrey suffit au film. Mais Spacey c'est autre chose, c'est une classe au dessus. Déjà dans Usual Suspect, puis dans Seven, le charisme, il habite l'écran, il vous prend aux tripes ce type.
La deuxième heure d'American Beauty est d'un malsain affolant, elle vous oppresse tellement le drame est puissant et terriblement bien mise en scène. Car, quelque part, on le sent. Ce qui doit arriver, arrivera (loi de Murphy, tout ça tout ça). Ce type a cassé les codes et la société va lui faire payer. Pas seulement pour avoir casser les codes, mais aussi parce que les apparences, ce qu'il laisse paraitre est bien plus important que ce qu'il est (On le sait ça !). Ce que l'on voit à travers une fenêtre dépasse tout ce qu'est cet homme. L'apparence domine l'homme. Elle le ramène à l'état d'image. Alors oui on le sait, mais le voir est encore plus frappant.
D'ailleurs cette critique de l'image est partout présente dans American Beauty, à travers ce jeune filmant la maison d'en face, et cette jeune fille, se déshabillant. Ou encore cette bombasse du lycée dressant une image de décérébrée alors qu'en fait elle a juste un besoin d'affection, juste le besoin d'exister. Ou de cette mère/femme qui veut que son mari ait de l'ambition, tout le temps plus d'ambition, l'ambition, l'ambition, comme si celle-ci devait devenir la seule raison de vivre de l'homme.
Ce film est un coup de fouet, un uppercut d'une violence terrible, car au delà du simple message et de la simple critique, c'est une vraie expérience de l'effet des apparences. Porté par la performance inqualifiable de Kevin Spacey, il est impossible de rester insensible à une telle puissance visuelle. A une telle histoire, oppressante, destructrice et profondément pessimiste. Sam Mendes ne s'embarrasse même pas d'un happy-end. En même temps...finir sur une bonne note aurait donnée l'apparence que l'on pourrait s'échapper de cette société, il n'en est rien. Tu y es, tu t'y adaptes et le plus fort vaincra (on connait déjà le résultat du combat).
Un monde d'apparences et d'illusions fabuleusement misent en images par Sam Mendes. Bravo.
Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Club FTF (Fourre Tout Films), Les meilleurs films des années 1990, [2015] Vous connaissez ce genre de liste où le mec met tous les films qu'il a vu cette année, ici c'est la même chose sauf que c'est Miss Stewart en couverture, Les meilleurs films avec Kevin Spacey et Les meilleurs films dramatiques
Créée
le 26 août 2015
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