J'ai remonté le temps jusque dans les Seventies en allant voir American Bluff. J'ai enfilé ma robe à paillettes, ma coupe afro, j'ai bu des cocktails survitaminés et j'ai dansé le disco toute la nuit au son de disques vinyles mythiques... pour finir par un twist magistral. C'est pas clair ? C'est normal, je vous explique...

L'histoire la voici : Irving (Christian Bale) et Sydney (Amy Adams), couple d'arnaqueurs, se font choper par le FBI un beau matin. Richie DiMaso (Bradley Cooper), un jeune loup du FBI - ou mouton, on sait pas trop vu le nombre incalculable de boucles dans ses cheveux! - impatient de grimper les échelons, propose un deal aux compères, s'ils arrivent à faire tomber 4 arnaqueurs ils échapperont aux poursuites. Seulement les 4 arnaqueurs visés se changent rapidement en 1 maire, puis en plusieurs députés et sénateurs.. et enfin attraper le poisson des poissons à savoir démanteler un gros réseau mafieux qui a la mainmise sur les plus gros casinos de la cote est.

Un parallèle intéressant est fait dans le film et annonciateur de la fin ; le supérieur de Richie, parfait stéréotype du flic accro aux donuts (voir le Chef Wiggum dans les Simpsons), tente de lui raconter sa fameuse histoire de pêche sous la glace, sans parvenir à la finir d'ailleurs. Comme un pêcheur sous la glace, Richie tente de ferrer un gros poisson, mais beaucoup trop gros pour lui, à peine pense t'il l'avoir au bout de sa ligne que c'est lui même qui se retrouve piégé sous la glace (le fameux twist final, vraiment top!) malgré les réticences de son chef.

On comprend vite pourtant que sous toute cette énorme arnaque aux traits scorsesiens, le vrai propos du film n'est pas vraiment l'arnaque en elle même, mais plutôt l'arnaque entre chaque personnages, les mensonges, les masques, les faux semblants, les manipulations. Et quand on pense aux magouilles, aux manipulations, qu'est ce qui vous vient à l'esprit (presque) tout de suite... ? La politique bien sur ! David O.Russell (le réalisateur) nous présente, outre sa caricature sur les mensonges dans la vie quotidienne, une satire du monde politique, aussi bien des années 70 qu'aujourd'hui. Là où le film prend se sens c'est que, bien qu'inspiré d'une histoire qui s'est passée dans les 70s, il convient tout aussi bien au monde actuel.

Et comme une caricature, c'est sensé être drôle, le film regorge de passages hilarants, de blagues et de répliques bien senties du début à la fin. Pour preuve, la première scène du film montre Christian Bale – ou Irving - (très enlaidi pour le propos du film) bedonnant devant son miroir qui tente, grâce à une moumoute et les quelques cheveux qui lui restent sur le caillou, de former une coiffure plutôt... homogène si on peut dire ! Une entrée en matière très à propos ! Les personnages sont tous aussi pitoyables et grotesques les uns que les autres :

- Richie est tout aussi ridicule et minable avec ces dizaines de petits bigoudis dans les cheveux qui vit chez sa mère et s'occupe de l'aquarium familial.
- La femme de Irving (Jennifer Lawrence) est une vraie gourde qui met le feu à sa maison avec une lampe à UV, fait exploser le micro-ondes, sniffe son vernis à ongles dès qu'elle peut, et pour finir manque de tous les faire tuer en ayant la brillante idée de balancer à un mafieux que son mari est manipulé par le fisc pour le faire tomber...
- Même la très glamour Sydney (qui a piqué le décolleté de Kylie Minogue dans le clip de "Can't get you out of my head" histoire de vous donner un ordre d'idée !), maîtresse et acolyte d'Irving, se fait passer pour une Comtesse anglaise afin de mieux faire tomber les pigeons dans son filet.

Pourtant ces deux derniers personnages sont les plus intéressants, ce duo d'actrices tire vraiment son épingle du jeu. Sydney passe pour une potiche au début pourtant c'est bien elle qui tire les ficelles sans qui Irving ne serait resté qu'un petit loser... Sa femme également qui, malgré que elle, soit vraiment une potiche, arrive quand même à garder son mari bien qu'elle sache très bien qu'il ne l'aime pas. Elle le tient par les... bon vous m'avez comprise !

Pour la partie formelle du film, c'est plutôt nuancé ; La Bande Originale est magnifiquement choisie, on débute avec du jazz très glam, du Duke Ellington... puis ça fini sur du pur disco (les Bee Gees) en passant par America (horse with no name) et Paul McCartney (live and let die)... Les costumes, les décors sont superbes et nous replongent très bien dans cette période.

Quelques bémols quand même ; Le film souffre de quelques longueurs, le flash-back introductif en est un bon exemple. La réalisation aurait méritée d'être un peu plus déjantée, pour le coup ça créé un contraste entre le coté « réaliste » souhaité de la mise en scène et le psychédélisme qui se dégage des personnages. De plus le cadre n'est pas impeccable, les mouvements de caméras ne sont pas assez fluides, trop vifs. Pour vous dire à un moment j'ai même ressenti la présence du cameraman comme un mauvais docu-fiction, pas génial niveau immersion dans le film!

Mais ce film est léger, exubérant, tellement kitsch et divertissant qu'il vaut la peine d'aller voir, surtout avec un vrai bon casting comme ça où chacun à sa place. Aurait-je oublié de mentionner De Niro en mafieux ? (encore et oui je sais...ça lui va si bien !) métamorphosé, ainsi que Jeremy Renner qui nous offre une performance remarquable, même avec une coiffure à la Elvis !
Une petite galerie de personnages atypiques et hauts en couleurs, les pions d'une grosse farce dont le réalisateur semble avoir fait son credo (Happiness Therapy).
Fanny_Serra
7
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le 8 févr. 2014

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Fanny Serra

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