Suite au succès de son Happiness Therapy, David O.Russell était libre de prendre quelques risques. Il a pu reprendre à son compte un vieux projet inspiré de l'affaire Abscam, où des petits escrocs ont été utilisés par le FBI pour faire tomber de plus gros qu'eux. Le film est classique, scorsesien (il va jusqu'à récupérer DeNiro), rappelle aussi les Coen. Son originalité se situe dans les caractères ; ses personnages sont intrigants, leur destinée ambiguë. Ce sont des petits arrivistes et excentriques de rien du tout, pas de grands mafieux. En résulte des numéros singuliers, comme celui de Amy Adams au personnage manipulateur.
Malheureusement American Bluff paraît poussivement taillé pour s'inscrire dans la lignée de ces films sur l'aventure individualiste à l'américaine. Le programme est confus, rachitique sur le fond et pas mal léger, au point de sembler improvisé. Sauf que la mise en scène devient insignifiante et le propos sans relief. Comme on le savait convenu dès le départ, le film perd son charme et ses différences, comme ses comédiens, ne peuvent pas tenir la distance. David O.Russell a vu trop gros et grand, mais n'avait pas les armes.
https://zogarok.wordpress.com/2014/02/16/sorties-du-moment-1-2/