L'unique raison qui empêche American Gangster d'atteindre le niveau des modèles qui l'ont inspiré, c'est précisément le fait d'arriver après. Après Scorsese. Après Coppola. Le scénario est pourtant 100 % inédit et s'inspire de la vie de Frank Lucas, qui régna sur Harlem de 1968 à 1972, distribuant à ses « frères » aussi bien des dindes pour Thanksgiving que des sachets d'héro pure en provenance du Vietnam. La Cosa Nostra ne voit pas l'arrivée de ce concurrent - qui plus est, noir - d'un bon oeil. La police, ultracorrompue, a du mal à cerner ce businessman de la poudre, mari fidèle et père affectueux.
Le seul à comprendre Frank Lucas, c'est Richie Roberts, un flic incorruptible méprisé par ses collègues ripoux. Tous deux ont en commun le sens de la morale et le goût du travail bien fait. Un peu comme Ridley Scott. Décomplexé par son scénario vintage, il s'applique à copier aussi le style des films de l'époque jusque dans la BO, avec un clin d'oeil à la Blaxploitation (la chanson de Meurtres dans la 110e Rue).
Après avoir dépoussiéré le péplum (Gladiator) et le film médiéval (Kingdom of heaven), Scott ressuscite le polar seventies et j'ai envie de dire pour notre plus grand plaisir !!!