Paul Schrader qui avait signé le scénario de Taxi Driver, poursuit ici sa dénonciation de la dégradation des moeurs d'une certaine société américaine fortunée, et sa quête de la rédemption. Le film qui a suscité un inattendu pouvoir de fascination et une sorte d'engouement mythique, en occulte hélas le propos, j'aurais aimé que le réalisateur appuie un peu plus sur la noirceur du milieu qu'il décrit. Pour cela, le film peut posséder un aspect un peu superficiel, c'est d'ailleurs l'impression que j'ai en le revoyant, Schrader ne laissant entrevoir qu'une mise en scène léchée et le charisme de Richard Gere en beau gosse sûr de lui, le tout servi par une BO légendaire de Giorgio Moroder très disco, avec le fameux "Call Me" de Blondie et aussi le morceau "Night Drive".
Dans les années 80, le film avait une popularité justifiée et fut un jalon important dans la carrière de sa star, mais revu aujourd'hui, on s'aperçoit de ses faiblesses qu'on ne voyait pas forcément à l'époque ; il mise beaucoup sur une certaine esthétique un peu clippesque, notamment dans des scènes nocturnes sans dialogue, rythmées par la musique de Moroder, en gros, il trahit un peu son époque de réalisation... en plus de ça, je n'ai jamais aimé Richard Gere dans sa période "beau cul, belle gueule", ni les rôles de gandin qu'il tenait, il faudra attendre qu'il atteigne une maturité pour que je le prenne vraiment au sérieux, notamment dans Affaires privées. Et à plus forte raison ici, ce rôle de gigolo est totalement inconsistant, le réalisateur n'a rien creusé du tout et rien fait pour nous le rendre attachant ou sympathique, si bien que je me fous royalement de l'engrenage dans lequel il s'est fourré. A signaler Bill Duke dont c'est l'un des premiers rôles importants, on le retrouvera ensuite dans des films d'action comme Commando ou Predator auprès de Schwarzy.