C’est peut-être un peu difficile à imaginer aujourd’hui, mais « American Graffiti » fut un énorme succès à sa sortie, avec des recettes plus de 100 fois supérieures à son modeste budget de production, et des critiques élogieuses. Un succès qui permettra à George Lucas, après l’expérimental « THX 1138 », de poursuivre sa carrière plus confortablement… pour le résultat que l’on connait.


Ce sera aussi un salut artistique pour Harrison Ford, qui avait alors abandonné une carrière d’acteur infructueuse pour devenir charpentier. Mais, engagé dans un petit rôle sur ce film, il nouera une relation étroite avec George Lucas et Francis Ford Coppola (ici producteur), ce qui le conduira de fil en aiguille à devenir une super star.


Bref, comment expliquer ce succès, alors qu’il faut bien dire que le film est assez mou ? Il n’y a pas vraiment d’intrigue principale, on se contente de suivre de jeunes Américains de 1962 en virée motorisée et nocturne, certains s’apprêtant à quitter leur cocon pour l’université. Les péripéties et les jeux d’acteur sont inégaux, la mise en scène est conventionnelle, loin de l’oppressant « THX 1138 », ou de l’originalité de « Star Wars ».


On peut trouver l’explication dans le fait que George Lucas ait parfaitement réussi à capturer à l’écran une jeunesse qu’il a personnellement vécu. Il montre d’abord les désirs, craintes, et aspirations universelles des jeunes. A savoir, se construire une confiance en soi (en l’occurrence, avec l’aide de bolides ronflants), emballer de jolies filles ou de beaux mecs, et le tiraillement entre rester dans le confort de son univers, ou en sortir totalement pour aspirer à mieux.


Ensuite, il dresse le portrait d’une génération, celle de 1962, dépeinte comme insouciante. Avant la crise de Cuba, l’assassinat de JFK, l’enlisement au Vietnam, la contre-culture, ou le choc pétrolier, ces jeunes gens peuvent se permettre de rêver et de concentrer sur leurs problèmes personnels dans une relative sérénité.


Un portrait nostalgique, dressé à coups de tubes de rock’n’roll, d’argot de l’époque, et de personnages sympathiques, qui trouvera donc un écho fort auprès de son public.

Redzing
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le 3 août 2020

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