Dans le paysage des films d'horreur, les mélanges entre thrillers, action et gore se cassent bien souvent la gueule. A en voir les énièmes suites d'Underworld ou les Resident Evil qui pullulent tellement que c'en devient désespérant, le tableau n'est pas bien chouette. Et c'est dommage, parce que c'est un sous-genre très prometteur : les Blade 1 et 2 ou même le Vampires de Carpenter ont, par le passé, prouvé ce fait.
Vous l'aurez compris, on peine à y trouver de grands films. Même les bons films manquent à l'appel. Pour se détendre un soir de pluie, faut clairement pas espérer un truc marquant. Seulement, c'était sans conter la trilogie des American Nightmare. Alors que le premier se vautrait méchamment la face sur le parquet des pétards mouillés, sa suite rattrapait correctement le tir. Car si le potentiel du film n'était pas tout à fait exploité, au moins avait-il le mérite de nous foutre les boules avec un divertissement de qualité, et un thriller très efficace.
Qu'en est-il donc de ce troisième épisode? Le constat est simple : que ceux qui n'ont pas apprécié le film précédent ne le voient pas, tant le film y est identique. Sorte de remake déguisé en suite opportuniste ( dont le seul lien avec la saga est Frank Grillo, aperçu dans Anarchy ), Élections possède la caractéristique particulière d'avoir exactement les mêmes qualités que son prédécesseur, tout en épousant les mêmes défauts.
Un constat ironique que voici : devant la déception qu'auront pu causer, chez certains, les deux premiers films, DeMonaco a décidé de continuer dans la lancée du second film. Ainsi, les quinze premières minutes seront affreusement mauvaises ( mise en scène à gerber, acteurs à la ramasse, dialogues caricaturaux et vulgaires ), quand le reste redoublera d'efficacité. Quand il s'agit de filmer la purge, le metteur en scène se régale. Pour montrer le reste, les préparatifs, la mise en place de l'intrigue, c'est autre chose.
C'est donc quand le film se lance vraiment qu'il devient très intéressant. Alors, la mise en scène est très nerveuse, nous concoctant toujours les mêmes effets de style; c'est certes répétitif et limité, mais le rendu final est suffisamment maîtrisé pour nous détendre et divertir sans problème. Il y là ce désir de marquer le spectateur, de lui graver certaines scènes dans la tête; l'arrivée des meufs en bagnole, avec les ralentis et tout le toutim, par exemple, ne laisse pas indifférent ( même si les actrices y surjouent comme des trous ).
A en voir le jeu global des bad guys ( avec l'exemple de ces femmes et du méchant en chef ), le film souffre d'une grosse difficulté à jouer la folie. C'est forcé, caricatural, jamais vraiment crédible. On ne sent pas la sincérité dans leur jeu; on ne sent pas qu'ils sont fous, qu'ils vivent leurs personnages. Non, ils ne font que les interpréter, avec plus ou moins de fracas.
A côté de cela, le réel intérêt de ce film viendra pour sa réflexion autour de la purge. Les idées amenées sont intéressantes, les thèmes abordés bien traités; j'ai particulièrement bien aimé cette idée de tourisme du meurtre, ce terme d'halloween pour les adultes. C'est bien vu, parfaitement en accord avec notre société actuelle. En gros, si la purge venait à être appliquée, nul doute que les choses iraient dans ce sens là, avec une réaction hystérique des participants ( d'ailleurs inoubliable ) et l'intérêt financier que cela entraînerait.
On pourra également relever l'univers très travaillé au niveau du sinistre et des masques, qui trouvent leur écho et dans les volets précédents, et dans la fête d'Halloween, en plus de cette écriture entièrement calquée sur celle d'Anarchy. La structure est rigoureusement identique, les passages repris mais quelque peu changés. C'est répétitif et déjà vu, mais bon sang, c'est foutrement bon. On aimera ou pas. Si vous avez aimé le second, vous ne serez sûrement pas déçu. Sinon...
Critique publiée sur le blog