Serais-je objective dans cette critique ? J'en doute.
A la base, American Psycho c'est un de mes romans préférés de toute ma vie.
Patrick Bateman est mon névrosé préféré.
Dès que j'ai ouvert le livre, je savais que je pouvais associer sa description à la tête de Bale vu que voilà je connaissais le film de réputation, j'avais déjà mis le nez dans quelques scènes cultes et eu un accès écrit au contenu du film (les belles heures des topics Allociné estampillés 'lé meurtre (SPOILERR)').
Depuis que j'ai maté la série Hannibal (merci série), j'ai constaté une nette évolution dans mon rapport à la violence, et soudain, un soir, après avoir parlé encore une fois du film comme si je le connaissais par coeur, j'ai décidé vaille que vaille qu'il était temps désormais. Je devais voir ce film, et non, non et non, je flipperai pas.
Non, non, non je n'ai pas flippé. Passé le premier meurtre, que j'ai inutilement passé la tête à moitié dans l'oreiller avant de me relever en disant 'ah ok c'est tout', j'ai dégusté. Ceci est probablement l'un des meilleurs films des années 2000. Ni plus ni moins. Oui monsieur. C'est tellement drôle, tellement noir, tellement hilarant, tellement glaçant. On passe la première heure à se moquer de ces pauvres cons riches et hypocrites qui ne connaissent même pas leurs noms et prénoms mutuels, à rire des excentricités et du pathétique de Patrick (mon pauvre bichon, ne fais pas une attaque, c'est pas de ta faute si ta carte est moins bien que celle des autres). Le tout entrecoupé de quelques scènes de meurtres et de baise toujours très attachantes (le fameux Hip to be square, le fameux Sussudio) et profondément drôles. On est dans du Ellis édulcoré au maximum certes, mais je ris aussi devant ses romans. D'une manière un peu plus décomplexante peut-être, mais c'est aussi l'essence de ses oeuvres : l'ironie dans l'horreur, le rire jaune contre la froide et dure réalité d'un monde toujours plus cruel et superficiel.
Lorsque la rupture s'instaure et que la plongée dans la folie de Bateman se fait plus pesante, l'ambiance du film diffère légèrement, l'humour est à chercher par nous-mêmes et non à retirer des situations qui nous sont présentées. Il devient alors fascinant dans son ambiguïté (qui reste plus que faible par rapport à l'oeuvre originale) et sa plongée dans un désespoir toujours plus profond et vain. La fin est parfaite, nous sommes prévenus, il n'y a aucun espoir. Et de toute façon, nous n'en cherchions aucun.
Bale incarne Bateman avec brio, sa palette d'émotions est assez impressionnante, on en vient parfois à ne plus le reconnaître entre les scènes. Je sais que d'une certaine manière le film ne rend pas totalement hommage au livre, mais je vois mal une nouvelle adaptation sans Christian Bale, parce qu'il n'y aura jamais de meilleur Bateman que lui (ou peut-être que si, mais je ne veux pas le savoir.)
On peut considérer ce métrage comme une agréable et légère mise en bouche avant d'attaquer le livre qui, croyez-moi, ne baigne pas forcément dans la même ambiance.
Je suis néanmoins contente que cette adaptation existe, sans ça, jamais je n'aurais pu supporter les exploits de Patrick hors du papier.