There is an idea of a Patrick Bateman

American Psycho est un film déroutant.

On ne comprend pas exactement ce qu'il s'y passe et le film n'a pas de structure claire, linéaire.

Au delà de l'intrigue et du propos, c'est la notion de suspension consentie de l'incrédulité qui est altérée. En effet cette notion où le spectateur accepte ce à quoi il assiste dans un cadre définit, est mise à mal à mesure que le film progresse. Un cadavre dans un sac de voyage Jean-Paul Gaultier laisse une longue trace de sang dans le lobby d'une résidence, un distributeur de billet demande qu'on lui insère un chat, des voitures explosent à l'impact d'une balle d'arme de poing, une prostituée est "empalée" par une tronçonneuse. Renvoyant, au final, le spectateur au protagoniste même de l'intrigue, qui ne comprend plus ce qui lui arrive quand il apprend que celui qui l'aurait tué, à coups de hache quand même, ne serait pas mort.

Tout comme American Psycho est un film sur la folie, American Psycho est un film fou. Centré sur la folie de Patrick Bateman mais faisant écho à la folie et décadence de la société capitaliste. Le titre laisse d'ailleurs deviner d'abord la folie d'un Américain mais cache en réalité la folie d'une Amérique. Où Wall Street est l'apogée. Où les restaurants chics, les costumes et surtout les cartes de visite - scène d'anthologie - sont autant des marqueurs de réussite que des objets de compétition. Le meurtre du SDF met en exergue également ce rapport, et dégoût même, entre réussite et échec, entre fort et faible.

Get a goddamn job, Al! You’ve got a negative attitude! That’s what’s stopping you! You gotta get your act together. I’ll help you.

Certes ce n'est peut-être pas le plus subtil mais le film ne cherche pas la subtilité et c'est un euphémisme. Par le jeu de Christian Bale, d'abord, qui a sans doute rendu ce film culte, les scènes de meurtre et le mode opératoire, ainsi que les scènes mentionnées plus haut.

Alors si American Psycho est un film assurément déroutant, qui sonne souvent faux, surtout au premier visionnage, on se retrouve cependant troublé car dans toute cette dissonance quelque chose sonne terriblement vrai. Et cela encore aujourd'hui malgré les vingt années qui nous séparent du film et les trente du roman.