Adaptation controversée du roman de Brett Easton Ellis que je n'ai pas lu, American Psycho fait partie de ces thrillers complexes qui me fascinent et que je trouve toujours plus intelligents à chaque visionnage...
Tout commence par un générique très réussi qui aurait très certainement inspiré celui de la série Dexter... Et très vite on fait le tour du proprio, celui de Patrick Bateman, de cette "entité" du trading des années 80 : narcissique, perfectionniste, propre sur lui, parfaitement dessiné, ayant besoin de tout maîtriser, beau parleur et menteur en apparence, mais qui n'est en fait qu'un psychopathe schizophrène, maniaque, hygiéniste, paranoïaque et homo-sexuellement refoulé, amateur de porno, de films d'horreur, et de musique populaire...
Pété de fric, la limo, le costard Valentino, la nuque longue années 80, les lunettes en écailles, la carte de visite aux tons blanc cassé, Patrick est un winner. Un winner en compétition avec tous ses collègues, une compétition des apparences où la capacité à réserver LA table du resto à la mode fait partie des points d'orgue... Tous ses collègues lui ressemblent au final, mais pour espérer exister aux yeux des autres il faut être le meilleur des conformistes, il faut avoir les meilleurs goûts des gens sans goûts...
Mais voilà, Patrick croise un jour la route d'un certain Paul Allen, et c'est le drame. La jalousie opère et celui qui voulait tout maîtriser ne maîtrisera plus rien - c'est souvent comme ça... Alors après une petite incartade au chevet d'un SDF le répugnant, Patrick imagine un plan diabolique afin de se débarrasser de ce maudit Paul Allen... Et dès lors le film bascule dans une boucherie de chair et de sang sur ton blanc au beau milieu de l'appartement froid et impersonnel de Patrick qui aimera cacher certaines de ses difficultés relationnelles par le biais de discours cliniques à propos de la musique fadasse des groupes qu'il écoute à peine...
La suite du film de Mary Harron devient totalement jubilatoire mais aussi très étrange, les scènes devenant de moins en moins vraisemblables, de l'inconscience des preuves laissées par Patrick jusqu'à ses balles capables d'exploser des voitures de police (il en est d'ailleurs le premier surpris) en passant par l'hallucinante scène de la tronçonneuse n'éveillant pas la moindre réaction des voisins de l'immeuble... Et si la première fois le final ouvert nous perd complètement, c'est que tout cela est voulu afin que nous prenions encore plus notre pied au deuxième visionnage.
Car effectivement, je fais partie de ceux qui pensent que
Patrick Bateman a fantasmé tous ses crimes - si tant est que lui-même existe réellement, mais ça c'est un tout autre débat. Il faut dire qu'une thèse serait nécessaire pour venir à bout d'American Psycho...
Les très nombreux indices parsèment le film, du début à la fin, que je ne vais pas détailler puisque beaucoup l'on déjà fait, mais c'est en ça que je trouve le film génial au-delà de ses nombreuses autres qualités : tout a un sens, rien n'est dû au hasard, quasiment aucune réplique n'est gratuite.
Les autres qualités donc : un Christian Bale formidablement antipathique, des seconds rôles globalement très bons, une ambiance angoissante et surréaliste efficace, un rythme ultra-soutenu, des répliques décalées souvent très drôles (les deux vannes de serial-killer qui ne font rire que lui par exemple) qui dédramatisent l'ensemble, et ce final donc, totalement démentiel, où l'on comprend bien que Patrick n'est pas près de s'arrêter... Mais à quoi ? Voir spoil un peu plus haut.
Bon, c'est pas l'tout, mais j'ai des vidéos à rendre à la boutique ! ;)