Un cowboy post-ado, élevé à la dure, qui n'a rien vécu d'important jusque-là se découvre une conscience politique avec la série d'attentats frappant les Etats-Unis jusqu'au 11 septembre. Il s'engage, se construit simultanément 2 familles (les SEALs et la sienne), se fait bouffer par la mécanique guerrière de la première mais parviendra à préserver tant bien que mal la seconde. Eastwood délivre un film concentré sur le protagoniste, qui se dévouant à faire le job, acquiert son statut de héros malgré lui, finalement consacré suite à une mort stupide, renforçant le sentiment général de gâchis de vies humaines tout au long de l'histoire. Un film linéaire, volontairement sobre: pas d'ambition politique, pas de dénonciation de la guerre d'Irak, d'ailleurs une quasi absence de perspective Irakienne car ce n'est pas le propos. D'un point de vu cinématographique, les scènes de combat lors des 4 tours en Irak sont parmi les plus documentées et réalistes vues à ce jour, les scènes intimes volontairement épurées, et Bradley Cooper livre une prestation appliquée, tout en respect des soldats d'élite. A mentionner également la "fin de la guerre" pour le héros qui se noie dans une tempête de sable, crépusculaire et magnifique. Quant à l'ambiguïté du propos, et les polémiques associées, Eastwood est droit dans ces bottes: Film anti-guerre, mais à l'honneur des combattants, et une affirmation qu'un soldat qui fait son boulot peut prétendre à la reconnaissance de sa patrie, d'où la conclusion uniquement faite d'images réelles des obsèques de Chris Kyle. Alors effectivement, on y voit beaucoup de bannières étoilées, mais ça n’est pas un patriotisme primaire magnifié, juste une photographie des Etats-Unis des années 2010.