Spoil : amateurs de combats aériens en CGI et d’héroïsme burné, retournez aux blockbusters américains Pearl Harbour et Midway avec lesquels ce film n'a rien en commun.
Ce biopic déroule un portrait sensible mais contestable du fameux amiral, acteur majeur de l’histoire du japon jusqu’à sa mort en 1943.
Ce qui permet, et c’est la grande réussite du film, de présenter le basculement du Japon dans la dictature militaire à la fin des années 1920, la marche à la guerre et la catastrophe finale. Rejetant toute posture victimaire, le film rappelle la responsabilité du Japon, compromis avec les nazis et s’engageant dans des conflits sans issue et ingagnables en Chine puis contre les Etats-Unis.
Le film est plus faible sur l’amiral lui-même (quoique parfaitement incarné par son acteur). Car il nous sert la légende lumineuse de l’homme de paix en uniforme, évaluant justement les rapports de forces, prophète du cataclysme à venir et cependant maître d'oeuvre d’une guerre qu’il désapprouve avant de choisir une fin sacrificielle digne du Christ. Bien sûr il y a du vrai là-dedans. Mais il manque la part d’ombre d’un personnage qui n’en manque pas. N’a-t-il pas laissé aux Etats-Unis où il était attaché militaire le souvenir d’un joueur de poker qui joue gros au risque de perdre sa mise ? Quant à la bataille de Midway, a-t-on souvent vu jouer l’avenir d’un pays en guerre sur un plan aussi foireux ? Les si importants porte-avions japonais doivent accomplir simultanément deux missions incompatibles (bombarder l’île et couler la flotte adverse). Et la Rengo Kantai (le reste de la flotte japonaise) qui pouvait couvrir les porte-avions en est éloignée de dizaines de kilomètres !
Pour finir, le film limite l’action militaire au minimum, et cependant la reconstitution (avions, navires) est presque irréprochable (pour les puristes, en 1943, un P38 c’est Olive Drab, hein).
« Amiral Yamamoto » est donc un excellent film pour tous ceux qui se demandent comment un pays peut basculer dans le militarisme et choisir des options suicidaires. Une maitrise minimale de l’histoire de cette période est un plus, si l’on ne veut pas passer à côté de certaines parties (la compétition entre la marine et l’armée de terre par exemple).