Bon bon bon… On ne va pas se mentir Loving you, au même titre que tous les films de la filmographie d’Elvis est loin d’être un chef d’œuvre.
La mise en scène se contente du stricte minimum, la romance est bâclée et le scénario qui tient sur un timbre retrace l’ascension fulgurante d’un chanteur du fin fond du sud des États Unis, qui n’a rien demandé mais dont chaque apparition sur scène électrise le public. En fait, on est pas loin de regarder le premier d’une longue série biopic du King avec dans le rôle d’Elvis, Elvis lui même.
Je trouve toutefois le film intéressant à regarder pour plusieurs raisons. En effet on parle souvent de l’année 1969 et le Nouvel Hollywood dont le premier représentant est Easy Rider de Dennis Hopper, comme un renouveau du cinéma américain par opposition à l’industrie déclinante des studios dans les années 60. Ces films et leurs réalisateurs (Coppola, Scorsese, Polansky…) sont bien connus et souvent incontournables mais il me semble que l’on pourra les apprécier davantage et comprendre leur portée qu’en regardant quelques films des années précédentes, autrement dit, des films de merde. Et les films d’Elvis (dont Loving you reste néanmoins l’un des meilleurs) sont la quintessence de ce qui ne fonctionnait plus avant l’arrivée de réalisateurs subversifs et aventuriers. Aucun risque n’est pris, on cast une superstar bien connue du public que l’ont fait jouer dans un film au scénario vu et revu et aux décors standardisés.
Un écho à la période que nous vivons aujourd’hui où la prise de risque est de moins en moins fréquente, où les studios (Disney avec Marvel, Netflix avec chacun de leurs films) disposant de tous les moyens de production, tuent dans l’œuf l’initiative artistique faute de contrepouvoir. Et la fin des années 2010 ressemble à cet égard aux années 60 où le public de moins en moins excité et las des productions moles, manifeste par la désertion des salles, l’attente fébrile d’un nouveau 69.