Un film qui porte bien son nom. Un film qui montre que la vie peut vraiment être chienne qu'importe qui tu es, qu'importe ta classe sociale. Que tu sois un ado amoureux plein d'espoir, un sans-abri en quête d'une vie meilleure et de rédemption ou bien un top-model et un riche homme d'affaires à qui tout sourit. Un accident qui les relie suffit à tout faire basculer, comme pour nous montrer que rien n'est acquis dans la vie. Que nos plans peuvent s'anéantir en un claquement de doigts. Que la vie ne tient qu'à un fil. On prend une claque face à la violence de ce film. De ce film fataliste, réaliste et pessimiste, nourri par cette ambiance pesante et déprimante des quartiers malfamés mexicains (accompagnée par une très bonne bande-son). Donnant cette impression que le bonheur n'a pas sa place dans notre monde. Qu'il n'y a aucune issue à notre terrible sort. Chaque histoire se terminant de manière brutale et sans espoir (sauf le dernier plan du film..?).
Le chien est omniprésent dans les scènes, comme si ce dernier hantait nos protagonistes. Etait une âme errante. Était un fil conducteur entre eux. Tantôt ami de l'homme, tantôt porteur de malchance. Lui-même victime de la cruauté du monde et de l'homme. Mais on ne peut s'en séparer. Nous avons besoin de lui et lui de nous. "Tel maître, tel chien". Nous sommes comme lui, il est comme nous. Comme si nous étions réduits à un état bestial face à nos faiblesses. On sort les crocs face à la dureté de la vie.
Les combats de chiens en sont un parfait exemple. Marche ou crève. Est-ce les chiens qui se battent ou les maîtres à travers eux ? Ou bien le chien qui tue les chiens du sans-abri sans aucune raison à l'image de ce dernier avec ses victimes lorsqu'il endosse son rôle de tueur à gages. C'est injuste mais l'homme est injuste et ignoble. Simple retour de bâton : Qui permet d'ouvrir les yeux au sans-abri..? Il les ouvre de plus en plus. Cette scène où il enfile enfin ses lunettes pour mieux voir : il n’est jamais trop tard pour voir la vie autrement. Cette scène de lui entrain de se couper les cheveux, de se raser la barbe, le montre totalement métamorphosé à la fin : il n’est jamais trop tard pour changer.
J’ai apprécié le p’tit clin d’œil à « Reservoir Dogs » de Tarantino avec le chien blessé à l’arrière de la voiture durant la course poursuite. Preuve ici que le chien est bien le double de l’homme ;)
L'amour a bien sûr une place importante dans ce film. L'amour non partagé, l'amour familial, l'amour extra-conjugale... L'amour chienne! Chienne de ne pas accorder de répit aux personnages. L'amour devrait être salvateur mais ici, il n'est bon qu'à faire souffrir. Hypocrisie, jalousie, tromperie, renie... poussent à la tuerie, à la folie. Révélant une fois de plus les pires choses chez l'homme. L'homme qui ne sait pas exprimer son amour sans méchanceté, sans maladresse. L'amour ne guérit pas, ne sauve pas. Bien au contraire. Comme si c'était une erreur d'aimer et que ça n'apportait que désolation.
Une deuxième partie de film moins bien rythmée que la première mais tout aussi émouvante et provocante. Où l'on ne peut s'empêcher de ressentir de la compassion face à la descente aux enfers des protagonistes, malgré leurs défauts, malgré leurs erreurs. Méritent-ils ce qui leur arrive ?
Cependant la fin laisse entrevoir une lueur d'espoir pour celui qui était le moins bien loti au départ (ainsi que le chien). L’humain peut aussi être bon. Aura-t-il droit au bonheur ? Chaque histoire se finissant par un tout dernier plan où l'on voit les personnages de dos marchant vers leur avenir, ou étant face à leur destin... heureux ou malheureux ? Le sort continuera-t-il à s'acharner sur
eux ? A nous de l'imaginer...
En résumé, très bon film sur la condition humaine, la fatalité de la vie, les amours perdus et illusoires. Avec le chien comme guide, comme double, exprimant l’animalité de l’homme. Avec un montage bien ficelé. De bonnes interprétations. Un film à regarder pour se rappeler que la vie peut se montrer cruelle mais qu’il faut s’accrocher et garder espoir. Qu’il n’est jamais trop tard pour la rédemption, pour se rattraper de nos erreurs. Nous sommes maîtres de ce que nous sommes.
Film à regarder si vous avez apprécié « Babel » du même réalisateur.