Drôle de drame

Il faut croire que je vais au CGR d'Angoulême exclusivement pour voir Margot Robbie, le seul autre film découvert dans ce cinéma étant... « Once Upon a Time... in Hollywood ». Cette passionnante anecdote passée, qu'écrire sur « Amsterdam » ? Je ne suis pas fixé, pas plus que sur ce que j'en ai pensé. Je ne peux pas dire que j'ai aimé. Encore moins que j'ai détesté. C'est inégal, incontestablement. D'un côté, David O'Russell a toujours un certain allant dans la mise en scène, l'atmosphère de l'époque est bien rendue, l'élégante photographie comme la galerie de personnages faisant leur petit effet. Ces derniers se révèlent inégaux mais intéressants, plutôt bien écrits, l'imposant casting laissant un minimum de place à chacun, à défaut de vraiment marquer les esprits ou de trouver un réel équilibre.

Christian Bale se distingue clairement, comme Robert De Niro chez les seconds rôles, les autres se « contentant » d'être bons, éventuellement charismatiques (Margot Robbie, John David Washington, Anya Taylor-Joy, Zoe Saldana...). Il n'est pas non plus interdit d'être touché par cette belle histoire d'amitié, un peu (beaucoup) martelée, mais sincère, généreuse. Enfin, l'aspect historique intrigue, séduit parfois, cette étrange conspiration faisant écho à la montée du fascisme et du nazisme en Europe ayant un écho tout particulier avec ce qui se passe aujourd'hui dans beaucoup de nos démocraties. De l'autre, on a l'impression d'avoir plusieurs films en un, ce qui peut fortement déconcerter, d'autant que le réalisateur ne tranche jamais vraiment la question.

Comédie ? Drame ? Thriller ? Léger ? Grave ? Un peu tout cela à la fois, sans que cela semble totalement délibéré, du moins complètement maîtrisé. Plusieurs scènes ont tendance à s'étirer inutilement, donnant l'impression que le film pourrait durer facilement 20 minutes de moins. À ce titre, pas sûr non plus que le « running gag » de l'œil de verre était indispensable. Il y a même un sérieux ventre mou où l'action est complètement statique, le récit ayant une certaine tendance aux bavardages. Ça manque de rythme, de « violence », certains choix chronologiques, notamment le long flashback de 1918, ne convainquant qu'à moitié, bien qu'il donne assurément plus d'épaisseur aux protagonistes et approfondisse le sens du titre.

Enfin, et même si ce n'est pas vraiment la « faute » du film, moi qui m'attendais à voyager aux quatre coins du monde, me rendre compte que (presque) tous les événements avaient lieu sur quelques kilomètres m'a frustré. Au moins termine t-on de façon plus dynamique avec l'arrivée du général interprété par De Niro, apportant hauteur et gravité à une œuvre qui en manquait jusque-là, laissant entrevoir qu'aurait pu être l'œuvre avec une vraie ligne directrice. Maintenant, même dubitatif, je constate qu'avec « Bullet Train », «Amsterdam » est sans doute la seule grosse production américaine annuelle qui ne soit pas super-héroïque ou issue d'une franchise : rien que pour ça, même si cela aurait pu, dû être mieux, elle peut valoir le déplacement, du moins nous faire regretter le très lourd échec financier qui s'annonce.

PS : ça n'intéresse pas grand-monde à part moi, mais je suis totalement à jour de critiques pour la première fois depuis plus d'un an, et j'avoue que ça me fait bien plaisir.