Ce documentaire nous raconte la vie d'Amy Winehouse à travers des images d'archives, des vidéos de ses proches qui racontent ces moments retransmit. Ils nous narrent ses addictions, ses dépressions, ses maladies. Sa vie, son oeuvre. On nous montre la responsabilité de son père, de son copain, des médias, des photographes, ou tout simplement d'elle-même. On observe une Amy Winehouse prise au piège d'un succès qu'elle ne sait gérer.
Durant tout le visionnage du film, j'ai eu un sentiment étrange. Cette plongée dans l'intime d'Amy Winehouse me met mal à l'aise, me donne l'impression d'être un voyeur. On observe de l'intérieur sa descente aux enfers. J'ai eu l'impression de regarder un énième documentaire sur la chute de telle célébrité diffusé avec un doublage grotesque sur M6.
Le documentaire nous montre de quelle manière son entourage a profité d'Amy Winehouse, de son argent, de sa célébrité, de quelle manière ils ont tenté d'exploiter le filon "Amy", que ce soit son père, son copain, son manager, de quelle manière ils ont tenté d'exister à travers d'elle. Et à travers ce documentaire, ils continuent, comme si cette recherche de visibilité ne s'arrêtait pas, qu'ils n'en avaient pas eu assez. Et ce documentaire, tout en pointant cet aspect, le reproduit. C'est malsain.
Le réalisateur montre les documents existants, sans réelle malhonnêteté, je lui accorde. Il critique, in fine, certains comportements de son entourage, des médias. Mais le problème, c'est qu'il joue le même jeu. Il reprend les mêmes codes, les mêmes fonctionnements, il trempe dans le voyeurisme à son tour. Et il laisse jouer la lecture a posteriori des événements par tous ces personnages qui s'expriment.
Personnages oui! Parce qu'ils jouent un rôle, ils en rajoutent, donnent l'impression de réécrire les événements passés. Vous voyez ? Cette impression que les gens jouent, deviennent les acteurs de sa vie, qu'ils s'y sont repris à plusieurs reprises afin de dire la bonne phrase, la bonne citation qui restera.
C'est pas tant qu'ils essaient d'avoir le beau rôle qui me dérange, d'autant plus qu'Asif Kapadia ne cherche pas la confrontation, il ne cherche pas à démêler le vrai du faux. C'est plus le fait que les propos sonnent "trop bien", donnent l'impression d'être écrits, qui me pose souci. On dirait que les personnages ont appris leur texte par coeur, qu'ils tirent leurs dires d'un scénario écrit au préalable, leur indiquant de quelle manière s'exprimer, à quel moment trembler, marquer une pause, ralentir le débit, avoir un ton froid.
Au final, c'est joué, ça sonne faux, ça manque de réalisme, de pureté. C'est comme si on ne laissait plus la place à l'improvisation, à l'erreur. Qu'on refusait de lâcher prise.