Le pseudonyme Alan Smithee (anagramme de the Alias Men) fut utilisé pendant des décennies et sur des dizaines de films à Hollywood. Il était employé lorsqu’un réalisateur n’était pas satisfait de la production de son long-métrage. Le syndicat des réalisateurs l’autorisait alors à se faire créditer sous le pseudonyme Alan Smithee, et uniquement celui-là.
Le concept est devenu tellement célèbre que l’utilisation officielle du pseudonyme a cessé après 2000. Car voir Alan Smithee au générique devenait immédiatement synonyme de production houleuse, et souvent de film médiocre.
« An Alan Smithee Film: Burn Hollywood Burn » illustre d’ailleurs très bien à quel point le concept devenait connu de tous… Le point de départ est amusant : un réalisateur britannique, nommé justement Alan Smithee, désavoue complètement le blockbuster qu’il vient de pondre. Problème : le syndicat n’autorisant que le pseudo Alan Smithee en cas de conflit, il ne peut pas voir son nom retiré du générique ! Il décide donc de voler les bobines de son film et menace de le brûler…
Ca part d’une bonne intention, mais tout s’effondre très rapidement.
Le film est tourné en mode documenteur, avec des témoignages face caméra des protagonistes… pour autant on nous envoie régulièrement « des vraies scènes » antérieures avec les mêmes personnages. Rapidement, c’est le bazar. Et la narration ne tient plus la route. Sans compter qu’il n’y a aucun suspense, l’introduction nous a déjà expliqué comment ça finit.
D’autant que toutes les tentatives d’humour tombent à l’eau. Les dialogues ne sont pas drôles, les références multiples et méta sont totalement gratuites et perdront complètement le grand public. Il y a la volonté de dresser un portrait au vitriol de Hollywood, mais c’est raté, on a juste l’impression de voir quelqu’un déverser une bile stérile.
Au passage, le film a été pondu par le célèbre scénariste et ici coproducteur Joe Eszterhas, connu (entre autres) pour « Basic Instinct ». Mais il avait été piqué au vif par les bides de « Showgirls » et « Jade », qui avaient abîmé sa carrière. D’où son envie de revanche avec Hollywood, et le ton qui se veut corrosif.
Il faut aussi parler des acteurs. Avec de très nombreux caméos, qui vont du médiocre à la prestation à l’Ouest. Quand ils ne sont pas de mauvais goût. La palme revenant (a posteriori) à Harvey Weinstein (!) qui campe un détective privé chargé de retrouver et faire pression sur Alan Smithee (!!).
Ironie du sort, « An Alan Smithee Film: Burn Hollywood Burn » subit lui-même une production très houleuse. Qui conduisit au départ du réalisateur Arthur Hiller, crédité ainsi sous le pseudo de Alan Smithee… Le film sera un colossal bide financier, et se fera démolir par les critiques.
Arthur Hiller ne réalisera qu’un seul autre film avant de décéder vingt ans plus tard. Quant à Joe Eszterhas, ce cuisant échec signera son départ forcé d’Hollywood.